Arrive l'amuse gueule, chacun son assiette, et moi une version spéciale, sans gluten, sans produits laitiers... mais... C'est le jeu, il y a un morceau de saumon fumé et un ramequin avec des minis moules et une cuisse de caille. C'est assez génant pour moi, fuck!
Il est hors de question que je mange le saumon, la dernière fois j'ai failli tourner de l'oeil. Un goût de poisson beaucoup trop intense, gras, qui vous reste un éternité dans la bouche. Je n'échapperai pas aux moules, je vais me jeter à l'eau. D'ailleurs j'aurais donné n'importe quoi pour avoir de l'eau à table à ce moment-là, ou du vin: pour rincer le tout si les moules ne passaient pas. Non, pas une goutte de quoi que ce soit. Les autres commencent à manger, l'étau se resserre... J'attaque la cuisse de caille, couteau et fourchette pour faire durer un maximum le plaisir. C'est mort, au bout de 10 minutes de grignotage intense de la cuisse de caille, toujours pas une goutte à l'horizon. Va falloir se lancer. Je pique délicatement avec ma mini fourchette dans une moule, la consistance est étonnante, un peu élastique. Ne pas y penser. J'en mange une. Du coup je suis tellement obnubilée par cette moule que j'en zappe un bout de conversation. Je dois demander de répéter en même temps que je découvre le goût de la moule. Je n'ai jamais mangé de moule(s). Ce n'est pas trop désagréable, ca va, la sauce est bonne, le goût pas trop prononcé, la consistance n'est pas géniale. Je termine les moules, je suis fière de moi. Les autres ne peuvent pas comprendre mon état à ce moment là. Je ne peux partager ce moment avec eux. Ma première moule! J'ai arrêté de manger des produits de la mer à l'âge de 3 ans, je ne sais pas pourquoi. Depuis quelques mois je tente de m'y remettre, je sens que ca devient étrangement possible. Quelque chose semble s'être débloqué, il n'y a plus cette réaction de rejet, de dégoût intense face à ces produits et à leur odeur. Bref.
Je rentre en voiture chez moi, plus d'1h30 de trajet, j'arrive totalement lessivée à la maison. Et je suis super fière de mon exploit de la soirée. Je me dis "je vais le mettre sur facebook". Je rédige le "post" suivant
"a mangé pour la 1ère fois et aimé des moules ce soir!"
Au moment d'envoyer le message, je réfléchis 2 secondes.
"non non non, don't do that..."
Je n'ai pas pensé au double sens de la chose. J'ai évité de justesse un déferlement de commentaires des potes qui s'en seraient donné à coeur joie... et tous les autres qui ignorent ma sexualité auraient vécu en direct un coming out loin de toute subtilité...
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