jeudi 22 décembre 2011

Je trouve la vie étrange.
Je recois un mail hier soir d'un type que j'ai rencontré il y a un an et demi lors d'un meeting photo international. Une carte de voeux de fin d'année numérique, une de ses photos, il est photographe, prof, ses photos sont magiques, elles dégagent quelque chose d'incroyable.
Lors de ces rencontres, j'étais invitée en tant qu'étudiante alors que j'étais déjà prof, mais passons. Lors du vernissage de la galerie, des travaux des professeurs et autres artistes, je me rapproche de la table des apéros. Tout est trop guindé, trop artificiel, tout est dans le paraitre, je m'ennuie sévèrement. Je tombe sur les photos d'Abel, je prends le temps de les regarder, elles me plaisent, quelque chose d'infiniment subtil s'en dégage. Je vois un type à côté des photos, il a l'air de s'emmerder autant que moi. J'engage la discussion en anglais, sur la qualité des petits fours, du vin et lui demande avec une certaine ironie ce qu'il pense de cet évènement. Nous nous amusons, en anglais, il est hongrois. Puis je comprends qu'il l'auteur de ces images que j'aime. Je lui demande une explication quant à cette forme qui se répète d'une image à l'autre, comme une matrice, une forme essentielle. Il est surpris que je l'aie détectée. Il me parle de ses étudiants, de sa place, qu'il estime dépasser/transgresser son rôle de prof mais qu'il ne peut s'en empêcher. Il me dit aussi que ca nuit à sa vie de famille (il est marié avec deux enfants). Je lui dis comprendre, je vis la même chose à chaque fois que je suis en couple. J'aime bien le type, intelligent, décalé, investi, doué, généreux, ironique. Je le recroise à plusieurs reprises lors du séjour, il me reconnait, nous poursuivons les discussions, nous blaguons. J'apprécie la situation jusqu'à ce que je me rende compte que le gars me drague. La pensée ne m'a pas effleurée jusque là, il est marié, et je suis homo. Je décide de rester un soir de plus, dernier grand soir, nous sortons tous, danser, faire la fête. Abel est là, il ne passe plus par 4 chemins. Il a raison de tenter le tout pour le tout. J'esquive. Je me barre, je rentre à l'auberge et le lendemain tôt, je prends le train way back home.
Il réussi à trouver mon mail ainsi que mon tél. Il me demande de le rappeler. Je ne réponds pas. Il renvoie un mail 10 jours plus tard. Je ne peux pas le laisser tel quel. Je réponds. J'explique que je ne suis prête à aucune relation quelle qu'elle soit. Je le renvoie aussi à sa famille. Il répond par quelques lignes touchantes. Il est tombé amoureux, il a ces quelques jours avec moi vécu quelque chose extraordinaire, il me souhaite tout le bonheur du monde.
J'ai eu droit à quelques messages éparses de temps à autre. Toujours subtils. Depuis presque un an plus rien. Jusqu'à hier soir. Juste une carte. Magique. Un mec bien, encore.

Ca me rend triste de ne pas pouvoir répondre à ce genre de propositions ou d'occasions. Ca me rend aussi triste de déclencher ces passions et émotions chez les autres sans vraiment m'en rendre compte. Il semble que je sois un déclencheur, un enzyme catalyseur, je modifie le cours de la vie des gens. Il y a Abel, mais aussi Matthieu, Seb, Bruno, Elisabeth, Lise, Géraldine, Stéphanie, un certain Laurent de Toulouse... Et j'en porte aussi les traces, les traces de leur déception, d'une certaine forme de culpabilité. Ils ne m'en veulent pas.
"Tu as toujours été claire et honnête, droite et franche. Tu es quelqu'un de bien", me disent-ils. Je ne sais pas si ca m'avance.

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