mardi 6 décembre 2011

la boule du micro

J'avais cours hier soir. C'était un peu un cours "freestyle". Le genre de cours qu'on ne peut pas trop préparer, un cours qui prend forme dans l'échange, devant la classe. Au bout des 3h, ils ont quitté la salle de formation en me remerciant. "C'était un cours génial, merci!"

Ca me fait évidemment plaisir ce genre de remarque, mais c'est un peu comme quand on me remercie pour un orgasme. Je suis là pour faire cours, c'est mon boulot, je suis rémunérée, ce n'est pas un service que je vous rends. Et quand je couche je prends du plaisir et j'en donne. J'exagère un peu, j'aime ces témoignages de reconnaissance (pour la qualité des cours et celle des orgasmes que je suscite), c'est simplement qu'ils m'étonnent à chaque fois. Et je ne sais quoi leur répondre...

Donc hier soir après le cours, j'ai rejoins Lolo au Mudd. Il était chaud comme la braise. Ca faisait quelques temps (des mois...) que je ne l'avais pas vu comme ca. Il y avait le "freestyle monday" au club, tout vocaliste, parleur, rappeur, chanteur souhaitant se performer en public peut y monter sur scène un court instant. Jeunes hommes, pour certains presque imberbes, multitude de casquettes, chapeaux et bonnets (même une chapka), bombers avec col en fausse moumoute, du jogging remonté à mis mollet, de la basket de compet, tous excités comme des puces à attendre leur tour en faisant la file à gauche de la scène. On entendait des "yeah man", des "ouh", des "represent", et tous balancaient leur corps d'avant en arrière, un peu à la facon des autistes, un mouvement parfaitement rythmé, répétitif, souple, élastique. Un bras s'agitait de temps à autre, l'index pointé, entre l'index d'un parent qui gronderait son enfant et la baguette du chef d'orchestre. Je suis dans le fond de la pièce, adossée au mur et me délecte de tout ce spectacle tout à fait divertissant. La musique est lancée, le chanteur du groupe rappe, la voix douce, un rythme jazzy, ca me rappelle Guru de Jazzmatazz (lifesaver), je me renvois il y a 10 ans. J'habitais avec un coloc fou, punk intello surdoué, je lui rasais le dos, lui faisait sa crête, il écoutait du Rammstein, du Punk-rock et Jazzmatazz. Il jouait aux jeux vidéo des années 80 sur un Amiga qu'il avait retapé, il allait boire des verres au PMU du coin de la rue à se bourrer la gueule avec les habitués; il trouvait ca sociologiquement intéressant. Il avait aussi un tête de cerf gonflable accrochée au dessus de son lit. Il était végétarien, par conviction, pour défendre la cause des animaux maltraités, mais qu'est ce qu'il pouvait bouffer de poulet bio... Mais ca c'est une autre histoire. Revenons à hier soir. C'était simplement agréable d'oublier un instant mon âge, d'oublier que je ne suis plus étudiante, d'oublier qu'on est lundi et qu'on est censé ne pas sortir un lundi. Et tous ces petits gars montent sur scène les uns après les autres, l'un plus cliché que l'autre en apparence, mais quelle force verbale, quel détermination, quel flow. Un moment fort, un moment touchant à les voir tout donner et voir l'oeil briller de fierté et de gène quand le public les applaudit. Ces petits sont en train de devenir grand et nous assistons à un rituel les menant vers leur vie d'adulte.
Nous repassons au bar. Parfois, on entend mal les textes/la voix du chanteur. Le rappeur du groupe intervient à ce sujet:
"on ne met pas la main sur la boule", du micro, évidemment.
Du coup, on entend vachement mieux par la suite.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire