Ca fait 3 jours que je dors la nuit. Un bonheur indescriptible. La vie n'est plus la même. Je ne sais pas ce que je faisais les autres nuits. J'ai repris pied, je suis plus calme intérieurement, je pète la forme. A un tel point que parfois je n sais pas quoi faire de moi. Va falloir canaliser tout ca positivement.
Ce matin j'ai repris le bus, puis le train pour aller à l'école, comme tous les jeudis matins. Prendre les transports en communs, un moment de détente, on a le temps de regarder les gens. Ils ont l'air malheureux, fatigués, blazés.
Il y avait juste un type handicapé mental léger, dans le bus, il essayait de discuter avec les passagers, il souriait, il était le seul à sourire. Un sourire altruiste, simple, un sourire pour tout le monde, il souriait au monde. Il avait l'air simplement heureux. En descendant à deux arrêts plus loin, il s'approche d'une vitre du bus, écrase son nez contre la vitre et fait une grosse grimace; ce qui fait évidemment exploser de rire le gamin aussi à proximité, du coup sa mère aussi sourit, et les gens autour sont amusés. Un petit moment de grâce dans ce bus si triste et plombé.
Un jeune pianotait en face de moi sur son téléphone, écouteurs vissés sur les oreilles, il jouait à une sorte de casse-tête chinois avec des formes géométriques complexes qu'il devait placer comme un puzzle pour former des lettres de l'alphabet. Parfois, un court retour à son écran de veille, lui et sa copine, une photo "snapshot" par excellence, autoportait fait à bout de bras avec le téléphone, sourire photographique (pas forcément photogénique). Ce fond d'écran doit le rassurer, lui rappeler qu'il est heureux ou sensé être heureux.
Il y avait aussi ce maghrebin d'un certain âge attendant avec moi à l'ârrêt en face du Simply. Il avait une discussion animée en arabe avec un plus jeune. On ne sait jamais vraiment s'ils s'engueulent ou pas… Le vieux était emballé dans une doudoune noire à capuche, le manteau lui descendant jusqu'aux mi-mollet, le zip remonté à bloc, les ficelles de la capuche tirées… Une apparence entre l'inouit et le rôti ficelé. C'est certes l'hiver, mais on est franchement loin des -10°C des dernières années. Il avait l'air d'avoir froid. Qu'est ce que ce sera quand il neigera??? Quand l'autre type lui parlait, il était obligé de tourner tout son corps vers lui pour l'entendre (il ne pouvait pas tourner la tête, la capuche faisant obstacle). C'était assez extraordinaire comme moment.
Sinon, comme tous les jeudis matin à la gare, ce jeune mec à la dèche, peut être accro à je ne sais quoi, m'a encore demandé de quoi le dépanner pour un billet de train. Il me fait le coup tous les jeudis matins. Il ne me reconnait jamais. J'ai beau lui dire "mec, je sais que tu ne prendras pas le train avec ce fric, alors arrête tes bobards", rien n'y fait. S'il me disait "j'ai besoin de fric, t'aurais pas une pièce", je lui donnerais une pièce. Mais j'ai horreur qu'on se foute de ma gueule. Peut être pense-t-il qu'on s'en rend pas compte? J'en sais trop rien. Il est venu me voir deux fois ce matin, la seconde fois je lui ai quand même donné une pièce. Ca sert à rien.
En m'avancant vers le couloir menant aux quais, une dame marche de vive allure vers la sortie, élégante, la tête haute, habillée au millimètre, maquillage impeccable, tenant un énorme parapluie ouvert au-dessus de sa tête (nous sommes à l'intérieur de la gare et dehors, pas une goutte de pluie à l'horizon). Les gens la regardaient ne sachant pas s'ils devaient en rire ou en pleurer. Les gens deviennent fous. Elle n'a surement plus toute sa tête, mais elle n'a pas l'air malheureuse.
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