Je passe le chercher chez lui.
On décide d'aller chez Auchan. Jean-Paul est du Sud, il a 55ans, un vrai coureur de jupons, un humour décapant. L'autre soir je l'ai croisé par hasard au bar avec Bija et elle lui demande "tu fais quoi?", il répond "je suis collectionneur"... ce qui est vrai, en passant, sauf que les 2 ont un humour particulier.. Bija ne comprend pas de suite et enchaine "collectionneur de quoi?". Moi je sens que ca va déraper, je laisse faire, pour le plaisir de l'ironie. Il joue le jeu, évidemment. "de femmes", ce qui n'est pas faux non plus. Bija, un peu féministe sur les bords joue la nana outrée. En fait il est collectionneur de photo.
Donc on prend la route. Faire les courses avec Jean-Paul... toute une histoire. Auchan, la veille de nouvel an, toute une histoire... "bienvenu au temple de la consommation de masse" lance-t-il au vigile du magasin; un gamin le regarde les yeux d'un air effaré. Je devais faire un coq au vin. Il n'y a pas de coq dans ce foutu supermarché. Il y a de tout, sauf du coq. JP se fout de ma gueule. Pas grave j'avais prévu le coup, 2 gros poulets bio feront l'affaire. On achète le reste, a courir dans les rayons, s'appeler par tél car on se perd. On se rejoins finalement en caisse. Je regarde la caissière, une jeune asiate, superbe. "on dirait que tu aimes choisir tes caissières..", "du tout", me dit-il, "tu parles...". Il chante en arrivant à la caisse, il réussit à la faire rire. Elle nous observe et se demande quelle est la nature de notre relation. Non, ce n'est pas mon père. Non, ce n'est pas mon amant. Elle sourit.
Ensuite direction l'Allemagne pour acheter de la bière. En traversant le pont de la frontière, on voit les douanes et les flics contrôler les voitures au retour, bouchon monstre, trop tard. Au "Getränkemarkt" on prend la fameuse caisse de bière Tannenzäpfle. JP insiste pour la porter "je suis là pour ca". "thanx darlin'". La caissière est alcoolique. Une caissière alcoolique dans un débit de boissons alcoolisées, pourquoi pas. Elle est sympathique. Retour, bouchons. On commence à parler cul. Je trouve toujours intéressant de parler cul avec lui, son expérience m'apprend toujours certaines choses, il a connu beaucoup de femmes, très différentes, des relations de natures très différentes aussi. Sa copine actuelle, qui est l'une de mes "collègues" de travail lui envoie un texto " je te fais un bisou sur la fesse gauche".
"je me demande ce qu'à ma fesse gauche?". Il est chaud bouillant, ca fait une semaine qu'il a pas baisé. Je lui rappelle à titre indicatif qu'il y a des gens qui ne baisent pas pendant des périodes beaucoup plus longues... "ca ne me regarde pas" me répond-il. Et là ca dérape, il me parle de sa nana (qui est plus jeune que son propre fils, en passant). "Elle a découvert que de se frotter sur mon cul lui procurait un plaisir fou", d'où l'histoire de la fesse gauche. Ensuite il précise que ses fesses ne sont pas très rebondies, mais fermes et qu'il contracte ses muscles à intervalles réguliers pendant qu'elle se frotte à lui. Elle adore. La discussion est lancée. De toute facon on a le temps: Bouchon.
On parle des femmes. Il me dit souvent tomber sur des femmes qui n'ont pas de fantasmes. Moi aussi. Pourquoi? Le fantasme est une énergie, une motivation, une stimulation. Je propose une théorie: elles n'ont pas de fantasme car il n'y avait pas la place pour le fantasme dans leurs relations précédentes. Une sexualité ritualisée, normalisée, systématisée n'offre pas d'espace possible pour le fantasme qui viendrait déranger l'ordre et l'équilibre du rapport. Nous constatons aussi un manque cruel d'originalité et d'inventivité chez beaucoup de nos partenaires.
Il me raconte son aventure avec une femme mariée dont le mari était boulanger. Il partait travailler toutes les nuit vers 23h pour ne revenir qu'en matinée. Elle appelait JP vers minuit, ils se faisaient des session de phone-sex. Ils jouissaient par téléphone. Parfois ils se voyaient aussi à l'hôtel. "Elle savait parler, elle savait m'exciter par les mots". Il n'y a pas que l'apparence, il y a les mots, l'attitude, il y a la peau, l'odeur, savoir encenser l'autre. Oui, JP, je te suis. Il y a aussi la présence de l'autre. Il me dit que c'est le désir de l'autre qui le stimule et éveille son propre désir. J'y réfléchis, en fait oui, voir et sentir cette vague se gonfler chez l'autre est l'un des stimuli les plus excitants. Et c'est en ce sens que plus l'interdit est fort/présent, plus ce désir déborde. C'est pour ca que je couche avec des hétéros.
On passe enfin la frontière, on ne nous arrête pas (dans tous les sens du terme), je suis excitée. A force d'en parler... grrrr. J'apprends au cours de la journée par france inter que les flics cherchaient les gens qui allaient acheter des pétards en Allemagne. Je suis contente d'être dans un bled ce soir, au fin fond de la campagne, qu'avec des amis proches, à éviter les pétards, trop de monde, les sorties insensées, les prix pratiqués dans les bars, et surtout les tentations et stimulations sexuelles. Ca me ferait encore faire des conneries. Surtout qu'on boit du champagne. Je suis en sécurité, tout va bien.
Après avoir déposé JP, je vais chez mon rdv de médecin. Mon médecin est une femme. Dans la conversation, je sens qu'elle sait que je suis homo. Je lui dis. Elle est un peu gênée. Peut être pensait-elle que je n'oserais pas le mettre en mots. J'ai un mini doute tout d'un coup sur son attitude. Je vais en faire abstraction, je suis encore trop chargée sexuellement à cause de ma discussion avec JP.
Avant de rentrer, je passe me prendre de la bière sans gluten. A la caisse, je ne sais pourquoi, je fais rougir la petite jeune. Elle me lance un regard adorable. Je vais rentrer chez moi, ca va être beaucoup plus sur....
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