samedi 31 décembre 2011

faire les courses avec JP

hier, on fait les courses pour la soirée de nouvel an avec Jean-Paul. C'était clair que ca ne pouvait pas être une virée de courses normale.
Je passe le chercher chez lui.
On décide d'aller chez Auchan. Jean-Paul est du Sud, il a 55ans, un vrai coureur de jupons, un humour décapant. L'autre soir je l'ai croisé par hasard au bar avec Bija et elle lui demande "tu fais quoi?", il répond "je suis collectionneur"... ce qui est vrai, en passant, sauf que les 2 ont un humour particulier.. Bija ne comprend pas de suite et enchaine "collectionneur de quoi?". Moi je sens que ca va déraper, je laisse faire, pour le plaisir de l'ironie. Il joue le jeu, évidemment. "de femmes", ce qui n'est pas faux non plus. Bija, un peu féministe sur les bords joue la nana outrée. En fait il est collectionneur de photo.
Donc on prend la route. Faire les courses avec Jean-Paul... toute une histoire. Auchan, la veille de nouvel an, toute une histoire... "bienvenu au temple de la consommation de masse" lance-t-il au vigile du magasin; un gamin le regarde les yeux d'un air effaré. Je devais faire un coq au vin. Il n'y a pas de coq dans ce foutu supermarché. Il y a de tout, sauf du coq. JP se fout de ma gueule. Pas grave j'avais prévu le coup, 2 gros poulets bio feront l'affaire. On achète le reste, a courir dans les rayons, s'appeler par tél car on se perd. On se rejoins finalement en caisse. Je regarde la caissière, une jeune asiate, superbe. "on dirait que tu aimes choisir tes caissières..", "du tout", me dit-il, "tu parles...". Il chante en arrivant à la caisse, il réussit à la faire rire. Elle nous observe et se demande quelle est la nature de notre relation. Non, ce n'est pas mon père. Non, ce n'est pas mon amant. Elle sourit.
Ensuite direction l'Allemagne pour acheter de la bière. En traversant le pont de la frontière, on voit les douanes et les flics contrôler les voitures au retour, bouchon monstre, trop tard. Au "Getränkemarkt" on prend la fameuse caisse de bière Tannenzäpfle. JP insiste pour la porter "je suis là pour ca". "thanx darlin'". La caissière est alcoolique. Une caissière alcoolique dans un débit de boissons alcoolisées, pourquoi pas. Elle est sympathique. Retour, bouchons. On commence à parler cul. Je trouve toujours intéressant de parler cul avec lui, son expérience m'apprend toujours certaines choses, il a connu beaucoup de femmes, très différentes, des relations de natures très différentes aussi. Sa copine actuelle, qui est l'une de mes "collègues" de travail lui envoie un texto " je te fais un bisou sur la fesse gauche".
"je me demande ce qu'à ma fesse gauche?". Il est chaud bouillant, ca fait une semaine qu'il a pas baisé. Je lui rappelle à titre indicatif qu'il y a des gens qui ne baisent pas pendant des périodes beaucoup plus longues... "ca ne me regarde pas" me répond-il. Et là ca dérape, il me parle de sa nana (qui est plus jeune que son propre fils, en passant). "Elle a découvert que de se frotter sur mon cul lui procurait un plaisir fou", d'où l'histoire de la fesse gauche. Ensuite il précise que ses fesses ne sont pas très rebondies, mais fermes et qu'il contracte ses muscles à intervalles réguliers pendant qu'elle se frotte à lui. Elle adore. La discussion est lancée. De toute facon on a le temps: Bouchon.
On parle des femmes. Il me dit souvent tomber sur des femmes qui n'ont pas de fantasmes. Moi aussi. Pourquoi? Le fantasme est une énergie, une motivation, une stimulation. Je propose une théorie: elles n'ont pas de fantasme car il n'y avait pas la place pour le fantasme dans leurs relations précédentes. Une sexualité ritualisée, normalisée, systématisée n'offre pas d'espace possible pour le fantasme qui viendrait déranger l'ordre et l'équilibre du rapport. Nous constatons aussi un manque cruel d'originalité et d'inventivité chez beaucoup de nos partenaires.
Il me raconte son aventure avec une femme mariée dont le mari était boulanger. Il partait travailler toutes les nuit vers 23h pour ne revenir qu'en matinée. Elle appelait JP vers minuit, ils se faisaient des session de phone-sex. Ils jouissaient par téléphone. Parfois ils se voyaient aussi à l'hôtel. "Elle savait parler, elle savait m'exciter par les mots". Il n'y a pas que l'apparence, il y a les mots, l'attitude, il y a la peau, l'odeur, savoir encenser l'autre. Oui, JP, je te suis. Il y a aussi la présence de l'autre. Il me dit que c'est le désir de l'autre qui le stimule et éveille son propre désir. J'y réfléchis, en fait oui, voir et sentir cette vague se gonfler chez l'autre est l'un des stimuli les plus excitants. Et c'est en ce sens que plus l'interdit est fort/présent, plus ce désir déborde. C'est pour ca que je couche avec des hétéros.
On passe enfin la frontière, on ne nous arrête pas (dans tous les sens du terme), je suis excitée. A force d'en parler... grrrr. J'apprends au cours de la journée par france inter que les flics cherchaient les gens qui allaient acheter des pétards en Allemagne. Je suis contente d'être dans un bled ce soir, au fin fond de la campagne, qu'avec des amis proches, à éviter les pétards, trop de monde, les sorties insensées, les prix pratiqués dans les bars, et surtout les tentations et stimulations sexuelles. Ca me ferait encore faire des conneries. Surtout qu'on boit du champagne. Je suis en sécurité, tout va bien.
Après avoir déposé JP, je vais chez mon rdv de médecin. Mon médecin est une femme. Dans la conversation, je sens qu'elle sait que je suis homo. Je lui dis. Elle est un peu gênée. Peut être pensait-elle que je n'oserais pas le mettre en mots. J'ai un mini doute tout d'un coup sur son attitude. Je vais en faire abstraction, je suis encore trop chargée sexuellement à cause de ma discussion avec JP.
Avant de rentrer, je passe me prendre de la bière sans gluten. A la caisse, je ne sais pourquoi, je fais rougir la petite jeune. Elle me lance un regard adorable. Je vais rentrer chez moi, ca va être beaucoup plus sur....

vendredi 30 décembre 2011

photos

Je ne la prends pas en photo. Elle a une peau splendide, douce, bazanée. Elle est pulpeuse. Mais je ne la photographierai pas. Je ne peux pas. J'aurais l'impression de lui voler son image. Je sais que je ne peux pas, mais je ne sais pas encore pourquoi. Alors que j'ai besoin de photographier l'autre.

les avions

Nous fumions cette fameuse cigarette devant le pub. Un vent bourdonnant. Elle me dit "j'ai adoré". Je sens une gêne monter en moi. Et des avions de papiers tombent du ciel. Encore et encore. Ils volent, s'envolent s'écrasent. Un "tac" sourd sur le sol de la place. Du vent et "tac...tac...tac..."
en fait quand je mange du gluten maintenant, je ne suis plus malade physiquement, enfin plus trop (je fais des petits essais) mais je deviens complètement dépressive durant une journée, le temps que ca s'évacue de mon corps. C'est pas terrible. Malgré tout ca me permet de mieux faire face à certains écarts de régime involontaires.
Donc hier soir, j'avais rdv avec la demoiselle. Fiasco. Je voulais simplement lui dire, non. Non, je ne peux plus et non je ne veux plus. J'ai été infoutu de lui dire. Nulle. On s'est vu, on a été faire un tour dans le bar habituel, dans lequel nous sommes tombés sur une multitude de gens que nous connaissions... donc mon pote jean-paul, seul au bar, avec qui je fête entre autre nouvel an. Il est super content de me voir, et il ne comprends pas du tout mon attitude face à lui. On a pas l'occasion de discuter avec Bija. Juste en fumant une clope, elle me dit avoir adoré la nuit, avoir pris beaucoup de plaisir, que ca lui pose aucun problème. Je lui dit que j'ai du mal. J'ai encore l'autre dans la peau.
"c'est pas grave, c'est normal, tu étais/es amoureuse d'elle. Tu peux m'appeler quand tu veux pour en parler"
et elle ajoute "t'inquiète pas, je ne te harcèlerai pas"
Bon, c'est moi qui suit hyper compliquée, trop sensible, trop "ch'sais pas quoi". Chiotte.
Elle me charrie dans le bar, me cherche, sauf que je suis à ce moment-là sur une autre planète, gluten dépressive et parano en ce qui la concerne. Bref, j'en prends plein la gueule, me fait encore embarquer dans un autre bar, je la ramène chez elle, elle me propose de monter, je refuse.
Qu'est ce que je faire de ce bordel...? ca m'apprendra. je vais m'enfermer chez moi, ca va être plus simple.

jeudi 29 décembre 2011

le facteur cheval a raison

Nous sommes allés visiter le palais idéal du facteur cheval avec mister O.
Bourré de créativité, ce monument parle. Nombre de phrases y sont inscrites sur les murs et les plafonds, beaucoup de maximes. l'une d'entre elles me frappa:
"ne fais pas à ton prochain ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse"

Très juste. Je vais donc prendre mon courage à deux mains et me confronter à cette fille avec qui j'ai couché l'autre jour. Je lui ai proposé - une semaine après la nuitée - de boire un verre tout à l'heure. Il faut en parler, mettre les choses à plat. Car de son côté, je doute que tout soit clair. Un court moment d'absence, de laisser-aller, et voilà le merdier. J'ai couché avec elle, je l'assume, pas de soucis. Or il semblerait qu'elle veuille plus. Et là, non. Je vais lui dire. Je déteste faire ce genre de chose, sa réaction m'inquiète.

Et il y a Christophe l'un des sportifs du calendrier, je dois le voir plus tard dans la soirée. Il joue un jeu dangereux. Il risque de se brûler les doigts. Là, je laisse venir, il est prévenu de toute facon. Il semblerait que je sois un prédateur, un gentil prédateur, un peu prédateur malgré lui /malgré elle /malgré moi, un prédateur honnête et sincère, même timide, un prédateur étrange. J'en ai marre de faire fantasmer les gens. Mais je ne changerai pas pour autant. J'aimerais que quelqu'un me fasse fantasmer pour changer un peu? inversons les rôles? hehe...

listes de choses à faire

Ado, je me disais qu'à 18ans je ferais un certain nombre de choses. J'avais une liste en tête:
-me couper les cheveux
-me faire tatouer
-aller dans un sex-shop
J'ai fait ces 3 choses essentielles de la liste.
Aujourd'hui il y a aussi une liste, ca prendra son temps mais I'll do it, chaque chose en son temps:
-encore me faire tatouer, le dos, un sakura, à Paris je pense, pour le côté symbolique de la chose. Pour ce faire, je vais chez le médecin demain, voir si il peut me prescrire un traitement contre l'acnée. Je veux une peau impeccable pour accueillir ce tatouage.
-je voulais un iphone, il est en commande. Ca me permettra enfin de faire honneur au "snap-fight" initié par Bruno (forme de "battle" du meilleur snapshot pris avec son téléphone)
-arrêter de coucher avec des hétéros. Faut vraiment que j'arrête.
-me transformer en femme fatale quelques jours par an; ca me manque. Avec la totale, des bas en passant par le vernis, les talons... faut trouver les bonnes occasions.
-refaire du sport. Je ne sais pas encore quoi, mais de quoi se défouler. C'est pas une question de muscles ou de cellulite à combattre mais une hygiène de vie.

mardi 27 décembre 2011

Montpellier, aller-retour

Bon. C'était un truc absurde. Il y avait une machine à développement pour les films diapo à récupérer gratos. Un truc pas mal, apparemment. Le type allait la jeter. Je sais pas trop pourquoi, mister O. m'a refilé le plan et j'ai accepté. J'aurais pas dû, je ne l'utiliserai jamais. Et en plus elle était à Montpellier, et j'ai dû aller la chercher.
Mister O. m'a proposé de faire le voyage avec sa voiture et qu'on y aille ensembles. On est parti hier matin à 8h et revenus ce soir 20h30. Une machine énorme, un voyage formidablement absurde et étrange, 21h de route en 48h, un hôtel désuet, un alcool de poire qui m'a vrillé la tête, et des histoires magiques.
C'est lui qui a tout payé, il ne peut pas supporter qu'une femme l'invite. Il connait des femmes qui n'ont même pas de chéquier. Je lui ai alors demandé s'il refuserait une invitation chez moi pour déguster un osso bucco. "non pas de soucis, une femme derrière le fourneau, ca, c'est normal!"... Et en plus il ne rigole qu'à moitié.
Mister O. a 50 ans, célibataire, vit chez sa mère, est entrepreneur, gagne très bien sa vie et suit mes cours photo depuis un an. Je suis donc sa "prof". Il est aussi membre du club de croqueurs de pommes mais préfère les prunes; il met actuellement au point une méthode de reconnaissance des prunes par l'aspect de leur noyau... Il type incroyable.

dimanche 25 décembre 2011

noel

Soirée de noel touchante. La première sans ma grand-mère. Elle était parmi nous je pense.
Nous avons fini par tous danser sur Luis Prima dans le salon à côté du sapin de noel. Mes parents riaient, ils dansaient comme un jeune couple, ils semblaient heureux. C'est la première fois depuis des années que j'ai vu mon père heureux, léger.
On s'y est mis aussi. Tous les 5.
Papa à offert à maman un solitaire et une ceinture pour se muscler le ventre. On était mort de rire, elle aussi. J'en souri encore.

Le cuir

Vous connaissez l'histoire du type qui pense avoir une allergie au cuir?
Le type va chez le médecin:
"docteur, je pense avoir une allergie au cuir..."
"hmmm..."
"A chaque fois que je dors avec mes chaussures j'ai un putain de mal au crâne le lendemain..."

Histoires de fin de soirée de noel, arrosée avec du Rhum Vieux de Martinique..

vendredi 23 décembre 2011

Depuis M., les choses ont vraiment changé. Ce n'est plus pareil. J'ai pris avec elle un tel plaisir à faire l'amour - même si je ne jouissais pas - que le reste semble dénué de sens. J'ai tenté le cul pour le cul, ca n'allait pas du tout. Hier j'ai tenté la tendresse, le "tout en douceur" où on prend son temps, pourquoi pas, mais ca n'arrive pas la cheville de ce que j'ai vécu avec M.
Il n'y a plus de frissons, de tension, le désir cuisant, le plaisir déconcertant. Je n'ai plus non plus l'envie d'investir dans mon rapport à cet autre avec qui je partage une intimité. Je donne sur le moment mais c'est un carpe diem se jouant à la minute.
Il va me falloir du temps, beaucoup de temps et surtout, il faudra quelqu'un "à la hauteur" de M. Elle a placé la barre très haut.
J'ai ainsi cette nuit passé un moment agréable avec une fille bien. J'ai pu m'endormir en la tenant dans mes bras, une nuit douce. Avec M., je n'ai jamais réussi à dormir. De peur de rater un instant, de peur de ronfler aussi, à vouloir en profiter jusqu'au bout, la regarder dormir, sentir sa respiration, sentir son odeur, jusqu'au petit matin. Elle me manque je crois.

jeudi 22 décembre 2011

Je trouve la vie étrange.
Je recois un mail hier soir d'un type que j'ai rencontré il y a un an et demi lors d'un meeting photo international. Une carte de voeux de fin d'année numérique, une de ses photos, il est photographe, prof, ses photos sont magiques, elles dégagent quelque chose d'incroyable.
Lors de ces rencontres, j'étais invitée en tant qu'étudiante alors que j'étais déjà prof, mais passons. Lors du vernissage de la galerie, des travaux des professeurs et autres artistes, je me rapproche de la table des apéros. Tout est trop guindé, trop artificiel, tout est dans le paraitre, je m'ennuie sévèrement. Je tombe sur les photos d'Abel, je prends le temps de les regarder, elles me plaisent, quelque chose d'infiniment subtil s'en dégage. Je vois un type à côté des photos, il a l'air de s'emmerder autant que moi. J'engage la discussion en anglais, sur la qualité des petits fours, du vin et lui demande avec une certaine ironie ce qu'il pense de cet évènement. Nous nous amusons, en anglais, il est hongrois. Puis je comprends qu'il l'auteur de ces images que j'aime. Je lui demande une explication quant à cette forme qui se répète d'une image à l'autre, comme une matrice, une forme essentielle. Il est surpris que je l'aie détectée. Il me parle de ses étudiants, de sa place, qu'il estime dépasser/transgresser son rôle de prof mais qu'il ne peut s'en empêcher. Il me dit aussi que ca nuit à sa vie de famille (il est marié avec deux enfants). Je lui dis comprendre, je vis la même chose à chaque fois que je suis en couple. J'aime bien le type, intelligent, décalé, investi, doué, généreux, ironique. Je le recroise à plusieurs reprises lors du séjour, il me reconnait, nous poursuivons les discussions, nous blaguons. J'apprécie la situation jusqu'à ce que je me rende compte que le gars me drague. La pensée ne m'a pas effleurée jusque là, il est marié, et je suis homo. Je décide de rester un soir de plus, dernier grand soir, nous sortons tous, danser, faire la fête. Abel est là, il ne passe plus par 4 chemins. Il a raison de tenter le tout pour le tout. J'esquive. Je me barre, je rentre à l'auberge et le lendemain tôt, je prends le train way back home.
Il réussi à trouver mon mail ainsi que mon tél. Il me demande de le rappeler. Je ne réponds pas. Il renvoie un mail 10 jours plus tard. Je ne peux pas le laisser tel quel. Je réponds. J'explique que je ne suis prête à aucune relation quelle qu'elle soit. Je le renvoie aussi à sa famille. Il répond par quelques lignes touchantes. Il est tombé amoureux, il a ces quelques jours avec moi vécu quelque chose extraordinaire, il me souhaite tout le bonheur du monde.
J'ai eu droit à quelques messages éparses de temps à autre. Toujours subtils. Depuis presque un an plus rien. Jusqu'à hier soir. Juste une carte. Magique. Un mec bien, encore.

Ca me rend triste de ne pas pouvoir répondre à ce genre de propositions ou d'occasions. Ca me rend aussi triste de déclencher ces passions et émotions chez les autres sans vraiment m'en rendre compte. Il semble que je sois un déclencheur, un enzyme catalyseur, je modifie le cours de la vie des gens. Il y a Abel, mais aussi Matthieu, Seb, Bruno, Elisabeth, Lise, Géraldine, Stéphanie, un certain Laurent de Toulouse... Et j'en porte aussi les traces, les traces de leur déception, d'une certaine forme de culpabilité. Ils ne m'en veulent pas.
"Tu as toujours été claire et honnête, droite et franche. Tu es quelqu'un de bien", me disent-ils. Je ne sais pas si ca m'avance.

moules

L'autre jour je vais au resto gastronomique avec un participant de mon cours du soir. Il souhaitait me présenter un couple d'amis. Bon, c'est toujours un peu compliqué d'aller au resto avec moi: pas de gluten, pas de produits laitiers de vache, et je commence à peine à manger les produits de la mer. Je débarque donc là-bas, il avait prévenu le staff pour mes allergies, suis agréablement surprise.
Arrive l'amuse gueule, chacun son assiette, et moi une version spéciale, sans gluten, sans produits laitiers... mais... C'est le jeu, il y a un morceau de saumon fumé et un ramequin avec des minis moules et une cuisse de caille. C'est assez génant pour moi, fuck!
Il est hors de question que je mange le saumon, la dernière fois j'ai failli tourner de l'oeil. Un goût de poisson beaucoup trop intense, gras, qui vous reste un éternité dans la bouche. Je n'échapperai pas aux moules, je vais me jeter à l'eau. D'ailleurs j'aurais donné n'importe quoi pour avoir de l'eau à table à ce moment-là, ou du vin: pour rincer le tout si les moules ne passaient pas. Non, pas une goutte de quoi que ce soit. Les autres commencent à manger, l'étau se resserre... J'attaque la cuisse de caille, couteau et fourchette pour faire durer un maximum le plaisir. C'est mort, au bout de 10 minutes de grignotage intense de la cuisse de caille, toujours pas une goutte à l'horizon. Va falloir se lancer. Je pique délicatement avec ma mini fourchette dans une moule, la consistance est étonnante, un peu élastique. Ne pas y penser. J'en mange une. Du coup je suis tellement obnubilée par cette moule que j'en zappe un bout de conversation. Je dois demander de répéter en même temps que je découvre le goût de la moule. Je n'ai jamais mangé de moule(s). Ce n'est pas trop désagréable, ca va, la sauce est bonne, le goût pas trop prononcé, la consistance n'est pas géniale. Je termine les moules, je suis fière de moi. Les autres ne peuvent pas comprendre mon état à ce moment là. Je ne peux partager ce moment avec eux. Ma première moule! J'ai arrêté de manger des produits de la mer à l'âge de 3 ans, je ne sais pas pourquoi. Depuis quelques mois je tente de m'y remettre, je sens que ca devient étrangement possible. Quelque chose semble s'être débloqué, il n'y a plus cette réaction de rejet, de dégoût intense face à ces produits et à leur odeur. Bref.
Je rentre en voiture chez moi, plus d'1h30 de trajet, j'arrive totalement lessivée à la maison. Et je suis super fière de mon exploit de la soirée. Je me dis "je vais le mettre sur facebook". Je rédige le "post" suivant
"a mangé pour la 1ère fois et aimé des moules ce soir!"
Au moment d'envoyer le message, je réfléchis 2 secondes.
"non non non, don't do that..."
Je n'ai pas pensé au double sens de la chose. J'ai évité de justesse un déferlement de commentaires des potes qui s'en seraient donné à coeur joie... et tous les autres qui ignorent ma sexualité auraient vécu en direct un coming out loin de toute subtilité...

Alex, il est toujours bien habillé

Donc j'étais hier soir chez mon pote Bruno et on parle de musique, comme quoi selon lui "la deep house, c'est la vie", suis pas tout à fait d'accord, mais bon, il le sait. Donc on écoute du bon son, de la house, de la french touch, du trip-hop, on boit du "mon p'tit pithon", on mange des supers steaks, et une salade d'endives. On termine avec du champagne et des biscuits au chocolat sans gluten. On parle finalement de nanas, de ses histoires et des miennes, de celles des autres aussi. On parle un peu "projet", je vais faire les images pour son album qui devrait sortir milieu d'année prochaine.
Et on parle aussi d'Alex, son meilleur pote. Alex de Marseille. Alex et Bruno ont décidé d'appeler Marseille "Frisco de Méditerranée". Ils sont des disciples inconditionnels de la house. Ca me rappelle cet été, les vacances, bref.
Puis, Bruno me dit "Il est super beau, Alex, le genre de mec toujours beau. Quoi qu'il fasse il a toujours la gueule parfaite du mec qui porte un costard"
"Alex, même à poil avec une chaussette sur la bite, il a de la gueule. Moi avec une chaussette sur la bite, je suis juste un mec à poil avec une chaussette sur la bite..."

mercredi 21 décembre 2011

métiers

Quand on me demande quel est mon métier... hmm... je ne sais trop quoi répondre.
Je suis photographe, prof de photo et matières annexes (traitement d'image, logiciels associés, lumière, histoire de la photo, de l'art, analyse d'image, accompagnement personnalisé...), je suis aussi consultante en matière de photographie, je fais des conférences, je coache des jeunes et moins jeunes dans leur travail photographique, je mets en place des dispositifs photographiques, je fais le graphisme pour des sites internet, de la mise en page et aujourd'hui et ce n'est pas la 1ère fois.. j'ai fait de l'assistance téléphonique photoshopienne...
Donc, souvent je dis:
"un peu tout en rapport avec la photographie..." Mouais, c'est peut être la meilleure réponse...

what to say?

Pas grand chose...
J'ai beau être une femme, je ne comprends pas les femmes. Etranges et belles créatures. Fascinantes, douces et aussi dangereuses.

jeudi 15 décembre 2011

nus masculins

Il y a encore quelques temps, je me posais la question "suis-je vraiment homo ou pas?". Je pense que cette question se posait pour différentes raisons:

-les dernières nanas que j'ai eu, comment dire, no comment. Ca n'a et n'avait strictement aucun sens.

-une certaine volonté de se conformer à la norme, à quelque chose de moins compliqué, d'arrêter d'être la bête de foire.

Mais ce n'est pas la tête qui décide, c'est le coeur et parfois aussi le cul.

Donc je me retrouve à photographier une équipe de sport, nue, pour leur calendrier annuel. Comment dire… C'est un beau challange, je n'ai jamais fait de nu pour une commande et en plus avec de la mise en scène, des lampes, la totale. Et très mal payé, ils ont pas un rond. Ok, je prends. Un défit ne fait pas de mal. Donc je me lance là-dedans. C'est très spécial de se dire "faut qu'ils soient sexy" alors que de les voir à poil ne me fait rien du tout. Parfois je suis même génée pour eux (ces grands gaillards costauds comme tout sont d'une pudeur étonnante). Je tente alors de faire mon boulot le mieux possible, de travailler d'autant plus la mise en scène, la lumière, les expressions des gars, pour être sûre qu'il y aura quelque chose dans ces photos. L'ironie est que les gars ne se posent même pas la question de savoir si je suis homo ou pas, tellement habitués aux fans féminines qui sont à leurs pieds. Ils sont adorables, sensibles, des types bien. Mais, ca n'éveille rien en moi. Les joueurs pensent d'ailleurs que mon assistant Sven est homo… alors que non. Délirant. On me fait même passer le message que si je souhaitais un peu de bonne compagnie, il suffisait de faire signe. Christophe (mon contact dans l'équipe) me dit "je n'en reviens pas de l'effet que tu fais aux mecs". Mouais, ca m'avance pas des masses.

L'autre soir, présentation du calendrier dans un bar. Je ne pouvais y être. On m'a alors dit qu'Armand, l'un des joueurs du calendrier, disait qu'il était étonné de mon professionnalisme. Il n'avait jamais vu une nana ne pas sciller devant autant de gars à poil. Il avait du mal à comprendre, presque un peu vexé de ne pas réveiller mes instincts primitifs. Une fille me connaissant lui explique alors le pourquoi du comment…

Je suis vraiment homo. Ca m'arrivera encore de baiser avec des mecs mais la question de ma sexualité semble close.

séparations

Mon ex-colocataire est passé à la maison hier. Je bosse pour lui de temps à autre en tant que graphiste. On s'est pas depuis un petit bout de temps. Il a quitté l'appart fin mai, assez brusquement finalement pour emménager avec sa copine au centre. Il a connu Noémie pendant qu'il habitait avec moi. Ils ont d'ailleurs passés leur première nuit ensemble chez moi. Avant de la rencontrer, Aurel était un vrai coureur de jupons, un italien avec une tchatche incomparable, un type qui enchainait les plans cul et ne se posait aucune question. Il papillonnait et semblait heureux. Mais il aimait se taper des jeunettes, je lui ai dit d'arrêter. On avait des discussions interminables sur les nanas. Il prenait des jeunes parce qu'elles sont des proies faciles, pour une nuit ou quelques parties de jambes en l'air. Il en faisait ce qu'il voulait, sans aucune méchanceté ni mauvaise intention. Mais sans aucun fondement. Je lui ai conseillé d'essayer des filles de son âge ou plus âgées, qu'il se rende compte qu'une nana n'est pas juste un bijou, un corps sexy, une plante verte. Effectivement il a commencé à voir des femmes, une femme mariée, une autre encore, une cougar… Il m'a effectivement dit que ca n'avait rien avoir. Il les voyait régulièrement, ils baisaient, passaient un bout de soirée ensembles, une sortie en boite, un resto, parfois un petit déj, juste de temps en temps. Puis est arrivée Noémie, à peu près son âge, l'une de ses bonnes amies à l'origine. Puis un soir ca dérape. Au bout de 6 mois, ils décident d'emménager ensembles. Ils ont habité ensembles 4 mois. Elle l'a quitté. Il est dépité. Il y croyait. C'était la première fois de sa vie qu'il y croyait. Ils parlaient d'enfants, de maison, de famille. Et non.

Hier Aurel était triste. Il en voulait à la terre entière. Il me disait avoir été heureux avant qu'elle ne débarque "j'étais super bien en coloc avec toi, j'avais des amantes, pleins de potes, je sortais en boite, c'était vraiment cool". Et maintenant, le coeur brisé, les espoirs enterrés, un appartement sur le dos, un déménagement à envisager, un coeur à panser et ne pas tomber dans les regrets. Il veut repartir comme en l'an 1000, baiser à gauche à droite, pour se prouver à lui-même qu'il n'a pas besoin d'elle et qu'il arrive à dépasser ce chagrin. Il a tenté le coup, il m'a dit que ca n'avait aucun intérêt. Il ne prend plus de plaisir. Je lui ai dit d'attendre, baiser pour baiser n'a pas de sens, mieux vaut attendre que le désir re-pointe son nez. Ca m'a fait mal au coeur de le voir comme ca, c'est un type plein de bonne volonté, il était prêt à donner tout ce qu'il avait pour cette fille. Les filles qui suivront vont devoir s'accrocher...

le matin

Ca fait 3 jours que je dors la nuit. Un bonheur indescriptible. La vie n'est plus la même. Je ne sais pas ce que je faisais les autres nuits. J'ai repris pied, je suis plus calme intérieurement, je pète la forme. A un tel point que parfois je n sais pas quoi faire de moi. Va falloir canaliser tout ca positivement.

Ce matin j'ai repris le bus, puis le train pour aller à l'école, comme tous les jeudis matins. Prendre les transports en communs, un moment de détente, on a le temps de regarder les gens. Ils ont l'air malheureux, fatigués, blazés.

Il y avait juste un type handicapé mental léger, dans le bus, il essayait de discuter avec les passagers, il souriait, il était le seul à sourire. Un sourire altruiste, simple, un sourire pour tout le monde, il souriait au monde. Il avait l'air simplement heureux. En descendant à deux arrêts plus loin, il s'approche d'une vitre du bus, écrase son nez contre la vitre et fait une grosse grimace; ce qui fait évidemment exploser de rire le gamin aussi à proximité, du coup sa mère aussi sourit, et les gens autour sont amusés. Un petit moment de grâce dans ce bus si triste et plombé.

Un jeune pianotait en face de moi sur son téléphone, écouteurs vissés sur les oreilles, il jouait à une sorte de casse-tête chinois avec des formes géométriques complexes qu'il devait placer comme un puzzle pour former des lettres de l'alphabet. Parfois, un court retour à son écran de veille, lui et sa copine, une photo "snapshot" par excellence, autoportait fait à bout de bras avec le téléphone, sourire photographique (pas forcément photogénique). Ce fond d'écran doit le rassurer, lui rappeler qu'il est heureux ou sensé être heureux.

Il y avait aussi ce maghrebin d'un certain âge attendant avec moi à l'ârrêt en face du Simply. Il avait une discussion animée en arabe avec un plus jeune. On ne sait jamais vraiment s'ils s'engueulent ou pas… Le vieux était emballé dans une doudoune noire à capuche, le manteau lui descendant jusqu'aux mi-mollet, le zip remonté à bloc, les ficelles de la capuche tirées… Une apparence entre l'inouit et le rôti ficelé. C'est certes l'hiver, mais on est franchement loin des -10°C des dernières années. Il avait l'air d'avoir froid. Qu'est ce que ce sera quand il neigera??? Quand l'autre type lui parlait, il était obligé de tourner tout son corps vers lui pour l'entendre (il ne pouvait pas tourner la tête, la capuche faisant obstacle). C'était assez extraordinaire comme moment.

Sinon, comme tous les jeudis matin à la gare, ce jeune mec à la dèche, peut être accro à je ne sais quoi, m'a encore demandé de quoi le dépanner pour un billet de train. Il me fait le coup tous les jeudis matins. Il ne me reconnait jamais. J'ai beau lui dire "mec, je sais que tu ne prendras pas le train avec ce fric, alors arrête tes bobards", rien n'y fait. S'il me disait "j'ai besoin de fric, t'aurais pas une pièce", je lui donnerais une pièce. Mais j'ai horreur qu'on se foute de ma gueule. Peut être pense-t-il qu'on s'en rend pas compte? J'en sais trop rien. Il est venu me voir deux fois ce matin, la seconde fois je lui ai quand même donné une pièce. Ca sert à rien.

En m'avancant vers le couloir menant aux quais, une dame marche de vive allure vers la sortie, élégante, la tête haute, habillée au millimètre, maquillage impeccable, tenant un énorme parapluie ouvert au-dessus de sa tête (nous sommes à l'intérieur de la gare et dehors, pas une goutte de pluie à l'horizon). Les gens la regardaient ne sachant pas s'ils devaient en rire ou en pleurer. Les gens deviennent fous. Elle n'a surement plus toute sa tête, mais elle n'a pas l'air malheureuse.


mardi 13 décembre 2011

j'ai enfin dormi cette nuit... en même temps l'état de fatigue était tel que je ne vois pas ce que j'aurais pu faire d'autre...

lundi 12 décembre 2011

mammographie et photographie

J'ai photographié toute la journée plusieurs cabinets de radiologie pour leur futur site internet. Donc il faut un peu de tout, le personnel, les locaux, les examens, les machines… Je savais que j'aurais du mal à trouver des cobayes acceptant de poser pour simuler certains examens. Comme la mammographie par exemple… Bon, je m'y attendais mais il me fallait cette photo avec la nana qui se fait presser le sein dans la machine. Je vais pas non plus les forcer. Du coup je demande à la secrétaire qui m'accompagne dans le premier cabinet d'appuyer sur le bouton de l'appareil pendant que JE me déshabille pour prendre la place du patient, à me faire presser le sein et poser moi-même pour les photos de mon client qui du coup va me voir à poil. Ca a marché. Mais bon, je me dis que mon métier me fait faire des sacrés trucs.

chats et souris

Bibi (mon chat) est un peu comme moi, sauf qu'elle commence à être grosse et moi non. Elle a la tête dûre, elle est de nature fainéante, elle sait ce qu'elle veut, elle est trop sensible et trèèèès intelligente. On pourrait croire que si on a un chat, ca nous évite d'voir des souris. Détrompez-vous. Je n'ai jamais été confrontée à autant de souris que depuis que j'ai Bibi.

Hier, je décide de faire du rangement et le ménage. C'était absolument urgent. Bibi a horreur du changement et une peur bleue de l'aspirateur. Je n'ai jamais vu un chat détaler aussi vite et discrètement à la vision d'un aspi. Pas de chat à l'horizon pendant plusieurs heures sachant que je l'avais délogée de la tablette placée sous la fenêtre du salon (vue sur la rue imprenable, essentiel pour Bibi) et au-dessus du radiateur (essentiel pour tout chat normalement constitué). Donc, ca se passe. Je finis de ranger, bouger les meubles et de faire le ménage.

Entre temps, je vais m'acheter un GPS au supermarché le plus proche (on est dimanche, mais en période de Noel, donc tout est ouvert) car je risque d'en avoir plus que besoin le lendemain: gros RDV de prise de vue. 4 lieux à faire dans la journée. Bref, ca c'est complètement anecdotique.

Donc, je termine des boulots sur l'ordi et prends mon temps pour me faire une bonne petite bouffe. Je m'installe dans mon salon tout propre, je regarde des épisodes de séries sur mon ordi et le chat est de retour sur la tablette. Jusque là tout va bien. Puis, j'entends un bruit étrange. Je pense instantanément au chat de la voisine qui a encore dû rentrer dans la cuisine pour manger les croquettes de Bibi. Je me lève doucement pour aller voir. Non, c'est pas ca. Je me dis que je perds la tête. Je continue repas et séries. Le bruit reprend. Là, Bibi l'entend aussi. C'est elle qui se lève, aux aguets, va vers le couloir puis vers la salle de bain. Je la suis. A peu près dans le même esprit. On doit avoir l'air fines.

La porte n'est pas fermée mais juste poussée. Le bruit vient de cesser. On aurait dit un grattement. J'allume la lumière, pousse doucement la porte pour l'ouvrir, Bibi voit quelque chose, elle est en position "chasse". Ok, c'est quoi ce bordel. Je ne vois rien, mais vu la réaction du chat, il y a une bêbête. Fuck. Quelle taille, la bêbête? Suis pas trop fan de ce genre de délire. Bon, je vais chercher une valise et un grand bac en plastique pour barrer l'entrer de la salle de bain. Pas question que ce truc se barre dans l'appart. Et maintenant, je fais quoi?

Je vais chercher des maniques dans la cuisine, laissant le chat monter la garde. J'appelle quand même la voisine, elle me doit bien ca, je vous raconterai ca une autre fois. Elle rigole et descend me filer un coup de main. On est à deux dans ma salle de bain + le chat, et on suit les indications du chat. Le truc semble être dans mon bac à linge sâle. Je soulève le premier pull et vois la souris. Sacrée bête, en pleine forme. Elle plonge. On sort le bac sur le perron, je ferme les portes, on laisse Bibi dedans. Je me retrouve ainsi la nuit tombée entre le perron et le trottoir, à vider mon bac de linge sâle avec ma voisine, une fringue après l'autre… On arrive au fond, la souris est piégée, on bascule le bac, elle fait un saut incroyable et se sauve. J'enlève les maniques (oui je les portais tout au long de cette opération), remets mon linge dans le bac, remercie ma voisine qui est morte de rire, je redépose le tout dans la salle de bain et retourne dans le salon manger mon repas qui est froid entre-temps. Bibi me regarde du haut du rebord de fenêtre, l'air de dire "c'était cool, non?".

"vachement, ouais. T'a pas intérêt à broncher ce soir sinon je te fous dehors"

Elle a dû déposer la souris dans le linge pendant j'étais en plein rangement. Genre, je me venge discrètement parce que tu m'as perturbé dans ma sieste… Je retiens

Feng-shui

Je dors mal en ce moment. Trop de trucs dans la tête. Je rumine. Mais qu'est ce que j'aimerais pouvoir dormir. A tête reposée je suis certaine que beaucoup de choses seraient plus faciles. Donc hier dans ma folie de rangement-nettoyage j'ai été voir sur internet l'orientation du lit conseillée par le Feng-shui. Rien à perdre vu là où j'en suis. Donc nouvelle position du lit, Feng-Shui à mort (avant c'était aussi déjà Feng-Shui mais bon). j'ai vérifié sur Google-maps pour voir l'orientation de la maison.

J'ai l'impression de ne pas avoir fermé l'oeil de la nuit. Faut que j'essaye autre chose, en dehors des tisanes "bonne nuit", des bourrages de gueule (là ca marche mais on est pas frais le matin), de la lecture, des séries tv… Prochaine étape: tenter le sport, la baise, la détente du genre sauna, hamman, massage.

dimanche 11 décembre 2011

la tombola

Il y a environ un mois, le week end, un gamin sonne a ma porte.

"c'est pour la tombola du club de basket de "…", le bon côute 2 euros et vous pouvez gagner une boite de chocolat"

Normalement je n'achète ni le calendrier des pompiers, ni des billets de tombola, tout ce qui est porte-à-porte, non. Mais ce gamin-là, me dire que je peux gagner une boite de chocolat en jouant à une tombola, en misant 2 euros. Ca m'a tellement fait halluciner, que ca m'a amusé. S'il m'avait dit, "vous pouvez gagner un séjour SPA, un resto…" je n'aurais pas acheté ce billet. Du coup je lui dis:

"bouge pas, je dois avoir 2 euros quelque part" et je lui ai donné la pièce, il a pris mon nom, et zou.

Ce samedi, ca sonne à la porte vers 11h30. Ca fait des semaines que je dors mal, là je dormais, je suis donc passablement irritée. Interphone:

"oui"… Si c'est encore pour une connerie, je vais me le faire…

"bonjour! c'est pour la tombola du club de basket de "…", vous avez gagné la boite de chocolats" (????)

La blague

"Attends, bouge pas, je viens t'ouvrir"

Le gamin affiche un énorme sourire, il est heureux comme tout de pouvoir me transmettre mon gain. Je suis simplement heureuse qu'il soit heureux. Je prends la boite, le remercie (je suis en pyjama, la gueule enfarinée). C'est une boite de chocolats Lindt.

Le comble de l'histoire, c'est que je ne peux pas les manger ces chocolats. A cause du beurre, de la crème et du gluten… Pour une fois que je joue pour perdre et que je gagne. J'ai filé la boite à ma belle-soeur, qui était ravie, mon frère l'était un peu moins:

"tu sais où il va aller ce chocolat… de suite sur tes fesses" il rigolait, mais pas tant que ca je crois.

jeudi 8 décembre 2011

conseil

ne pas tousser trop fort quand on a ses règles... les filles comprendront...

la pause clope

Avant le cours, je fume une clope devant l'école. 2 filles discutent, une troisième arrive.

"salutcava?"

"ouais"

"ettoi"

"ouais…" smack, smack.

La blonde décolorée, style bimbo, manteau blanc, jean slim bleu ciel, talon beiges, porte une fourrure à longs poils indéterminés qui semble très très douce autour du coup.

Un chat noir, genre chat de gouttière, plutôt matou, débarque.

"oh le chat"

"ouais, il est là tout le temps"

"ouais, il m'a fait mal au coeur hier tout trempé sous la pluie"

"mais non c'est cool, il fait ce qu'il veut"

"mon chat il est pas dehors quand il pleut" (???)

Le chat s'approche de ma blonde et se frotte à son mollet.

"ouah! non!!! il va me mettre des poils partout - j'ai déjà assez de poils comme ca"(???) Je me demande alors si elle parle des poils de sa fourrure…

"Elle est trop belle ta fourrure, mais c'est pas cool"

"De toute facon la bête est morte donc on s'en fout, et toi ton bonnet c'est du poils de lapin"

"Mais ces animaux sont abbatus pour leur fourrure, ils sont pas juste déjà morts"

"Faudrait que prendre des poils d'animaux qui de toute facon sont tués. Genre des rats de laboratoire"

la blonde dit alors "c'est sur, si les gants en peau de rat de laboratoire existaient je m'en achèterais"

"tu penses que la peau d'humain ca tient chaud?" (???)

J'écrase ma clope, je vais sagement aller faire mon cours…


Je pense alors à hier soir où un participant d'un autre cours avait apporté un "voile", carré de tissus épais noir que le photographe passe au-dessus de sa tête et de l'appareil (chambre photographique) pour faire ses réglages sur le dépoli. Il le montre fièrement à Sonja et déclare:

"c'est en peau de taupe, de la taupe de 1ère qualité, ils prennent que des taupes femelles"…. Evidemment c'est une boutade, c'est en velours, certes du beau velours mais bon. Décidément...


nuit

Se coucher quand il fait nuit. Se lever quand il fait nuit. Et toujours les mêmes illuminations de noel allumées.

Les Antilles, le matin

Ce matin, à la gare, tôt, beaucoup trop tôt. 7h10. Je suis en avance. Un petit thé à emporter et une clope sur le parvis avant de monter dans le train. Je m'arrête devant le 1er comptoir de vente à emporter. Une fille devant moi s'apprête à récupérer la monnaie de son achat. La vendeuse, antillaise, aucun doute sur l'accent, tend la main ouverte remplie de centimes. Elle dit un truc incompréhensible. Elle parle doucement, lentement, avec cet accent si rond. La cliente la regarde, elle ne comprend pas, moi non plus d'ailleurs. puis,

"votre chausson aux pommes coûte 1,55euros, donc je suis désolée mais ca vous fait plein de monnaie…."

La fille la regarde, l'air de dire "et alors?". Mais il y a tellement de gentillesse et d'attention dand le ton de la vendeuse que ca en devient adorable et touchant. La fille lui fait un grand sourire, la remercie et s'en va.

A mon tour. "un thé noir à emporter s'il vous plait"

La dame est un peu perdue. En allemand on dirait "sie hat die Ruhe raus": pas de stress, elle prend son temps. Elle revient avec le gobelet rempli d'eau brulante, trois sachets de sucre et une petite cuiller en plastique.

"je vous donne déjà ca"

"merci"

Je la vois repartir, je sens une hésitation, elle cherche quelque chose. Elle revient finalement avec une grande boite en bois contenant tous leurs sachets de thé. Je veux payer et lui tends 3 pièces de 1euro.

"Quel thé voulez-vous?" dit-elle en me tendant la boite ouverte au dessus du comptoir. Du coup, je prends aussi mon temps, je regarde, sors quelques sachets, je me décide, Darjelling. Elle va ranger la boite, reviens, prends les pièces, repars, me rapporte la monnaie. Entre temps 2 autres personnes attendent et observent. Pas d'impatience chez eux non plus, on lit de la tendresse dans leur yeux, une once d'amusement.

Elle nous a finalement détendu cette petite dame. "merci madame"

Angel, le matin

J'arrive sur le quai, il y a du vent. J'attends. Je sens un parfum. Angel de Mugler. Je hais ce parfum. Je passe derrière la dame pour quelle ne soit plus dans la direction du vent. Il faudrait interdire ce parfum. Le patchouli aussi d'ailleurs. Je suis d'une intolérance intolérable pour les odeurs, je sais. J'assume.

cougars

Hier soir après le cours, Sonja et Marie-Francoise, deux participantes me proposent d'aller manger en ville. J'hésite, je suis fatiguée, mais il est vrai que de manger au resto me permet de manger correctement et surtout de prendre le temps de manger. Elles connaissent bien Sven, nous allons en parler, Sonja a besoin d'en parler. Elles ont entre 55ans pour l'une et 60 et quelques pour l'autre. Nous dinons, discutons, échangeons. Quand Sonja parle de drogue elle utilise le terme "dope". Quand elle parle de la fumette, les pets, les joins, elle dit "hasch". Je me demande d'où sortent ces termes.

En sortant de là Marie-F et moi nous allumons une clope, toujours aussi bonne cette cigarette de fin de repas. Il fait un froid glacial. On décide de se revoir pendant les vacances. Quelques "jeunes" squattent devant le resto, un autre s'approche, je sens qu'il va aborder quelqu'un, pour une clope? Peut être un peu de monnaie? Il pose une question aux jeunes, ils rient. Lui a l'air sérieux. On s'apprête à partir, il tente sa chance

"excusez-moi mesdames! Êtes-vous d'ici?"

"oui, plus ou moins"

"savez-vous où on peut sortir?"

"???"

"Il y a apparemment une soirée cougar dans le coin, vous n'êtes pas au courant par hasard?"

"???"

Petite période de flottement. On se regarde toutes les 3. Rires.

"Non… je suis désolé… je ne voulais pas…." répond le jeune.

C'est marrant, il avait l'air d'un djeun's, du genre qui fait des conneries, qui aime les joggings, les sorties entre potes, il donne l'impression d'encore habiter chez sa mère et il cherche des cougars.

Franchement, c'était la meilleure de la journée.


mercredi 7 décembre 2011

fatigue

je suis crevée. Les gens que je rencontre, me disent "tu as l'air fatiguée". Comment dire... ca me fatigue qu'on me le rappelle à longueur de journée.

Tailleur Chanel

Une femme en tailleur Chanel sort de sa voiture sur le parking de Botanic. Petit foulard carré Hermès, sac à main probablement hors de prix, elle se racle la gorge, crache par terre, me voit, est super génée. Non, je ne vais pas faire comme si je ne l'avais pas vu faire. Faut assumer Madame. Du coup, elle m'a évitée dans le magasin.
Ce qui est bien quand il fait froid, c'est qu'on peut laisser les courses dans le coffre de la voiture pendant qu'on va bosser.
La période de fêtes de fin d'année arrivent. Il y a de plus en plus de publicités pour des produits contre les maux d'estomac.

la sagesse de Derrick

Derrick prend le temps. On dira, surtout le non-germanophile non germanophone, que Derrick est une série ennuyeuse, lente, grise, amorphe, datée, kitsch... et j'en passe. Mais Derrick prend le temps, chose que nous ne nous prenons plus. "time is money" dira l'américain pour ne pas dire le capitaliste. Derrick prend le temps, sans effets spéciaux, il prend le temps de rencontrer les personnages, il se concentre sur leur psychologie. Aujourd'hui nous regardons les Experts, nous regardons l'infiniment petit et l'infiniment grand, et nous oublions peut être trop souvent la simple échelle du regard et de la perception proprement humaine.
Aujourd'hui, dans Derrick (non, je ne regarde pas Derrick tous les jours) un médecin psychiatre parle d'un homme à l'inspecteur. Il lui décrit ce patient interné quelques temps dans sa clinique comme un homme brillant et d'une sensibilité extrême. Les deux allant souvent de paire. Certaines personnes seraient "très" sensibles et donc capables de ressentir multitudes de choses non perceptibles pour les autres. Ces gens peuvent affiner ces sens pour en faire un mode de perception égal aux autres sens. Ils pourraient alors voir/sentir plus en détails. En faire un mode d'apport de connaissance. Le danger étant que, vu leur sensibilité, ils chavirent dans cet océan de d'émotions et de sensibilité.
Je pense être trop sensible pour ce monde. Mais pour rien au monde je ne renoncerai à ma sensibilité.

MIB

Il y a le truc classique, le truc qu'on voit dans les films: mettre des lunettes de soleil pour un enterrement. Ca m'a traversé l'esprit mais mes lunettes de soleil sont rouges, donc c'est vraiment pas approprié. Donc on quitte la maison, nous sommes à l'heure. Je crois que c'est la première fois depuis des années -non je n'exagère pas- que nous sommes tous à l'heure. Papa a pris le "Viano" (mini bus) car il pensait éventuellement devoir transporter un peu de monde. Je ne monte pas avec eux, je prends ma propre voiture. Ils ne comprennent pas, ils ont la délicatesse de ne pas insister. Je veux fumer une clope sur le trajet car je ne fumerai pas au cimetière. Je veux aussi me ressaisir pour ne pas devenir un torrent de larmes dès mon arrivée. Donc je fume et je pleure dans la voiture.
En arrivant au cimetière je me dis que ce sera probablement le cimetière où sera enterrée toute la famille, y compris, moi. Pensée étrange. Je descends de la voiture, Papa en fait en même. Le moment est dur pour lui, il pleurera pas, il ne pleure jamais. Alors qu'il peut avoir les yeux les plus tristes du monde. Il claque la porte du mini-van, se tourne vers moi, avec son costard noir, sa cravatte noire, il me regarde un instant et je me demande ce qu'il va faire. Il soutient le regard plonge sa main dans sa poche, sort ses Ray-ban noires et les met d'un geste non-chalant. Il me fait un sourire d'acteur américain. Un vrai gosse. Un Men In Black.

mardi 6 décembre 2011

la boule du micro

J'avais cours hier soir. C'était un peu un cours "freestyle". Le genre de cours qu'on ne peut pas trop préparer, un cours qui prend forme dans l'échange, devant la classe. Au bout des 3h, ils ont quitté la salle de formation en me remerciant. "C'était un cours génial, merci!"

Ca me fait évidemment plaisir ce genre de remarque, mais c'est un peu comme quand on me remercie pour un orgasme. Je suis là pour faire cours, c'est mon boulot, je suis rémunérée, ce n'est pas un service que je vous rends. Et quand je couche je prends du plaisir et j'en donne. J'exagère un peu, j'aime ces témoignages de reconnaissance (pour la qualité des cours et celle des orgasmes que je suscite), c'est simplement qu'ils m'étonnent à chaque fois. Et je ne sais quoi leur répondre...

Donc hier soir après le cours, j'ai rejoins Lolo au Mudd. Il était chaud comme la braise. Ca faisait quelques temps (des mois...) que je ne l'avais pas vu comme ca. Il y avait le "freestyle monday" au club, tout vocaliste, parleur, rappeur, chanteur souhaitant se performer en public peut y monter sur scène un court instant. Jeunes hommes, pour certains presque imberbes, multitude de casquettes, chapeaux et bonnets (même une chapka), bombers avec col en fausse moumoute, du jogging remonté à mis mollet, de la basket de compet, tous excités comme des puces à attendre leur tour en faisant la file à gauche de la scène. On entendait des "yeah man", des "ouh", des "represent", et tous balancaient leur corps d'avant en arrière, un peu à la facon des autistes, un mouvement parfaitement rythmé, répétitif, souple, élastique. Un bras s'agitait de temps à autre, l'index pointé, entre l'index d'un parent qui gronderait son enfant et la baguette du chef d'orchestre. Je suis dans le fond de la pièce, adossée au mur et me délecte de tout ce spectacle tout à fait divertissant. La musique est lancée, le chanteur du groupe rappe, la voix douce, un rythme jazzy, ca me rappelle Guru de Jazzmatazz (lifesaver), je me renvois il y a 10 ans. J'habitais avec un coloc fou, punk intello surdoué, je lui rasais le dos, lui faisait sa crête, il écoutait du Rammstein, du Punk-rock et Jazzmatazz. Il jouait aux jeux vidéo des années 80 sur un Amiga qu'il avait retapé, il allait boire des verres au PMU du coin de la rue à se bourrer la gueule avec les habitués; il trouvait ca sociologiquement intéressant. Il avait aussi un tête de cerf gonflable accrochée au dessus de son lit. Il était végétarien, par conviction, pour défendre la cause des animaux maltraités, mais qu'est ce qu'il pouvait bouffer de poulet bio... Mais ca c'est une autre histoire. Revenons à hier soir. C'était simplement agréable d'oublier un instant mon âge, d'oublier que je ne suis plus étudiante, d'oublier qu'on est lundi et qu'on est censé ne pas sortir un lundi. Et tous ces petits gars montent sur scène les uns après les autres, l'un plus cliché que l'autre en apparence, mais quelle force verbale, quel détermination, quel flow. Un moment fort, un moment touchant à les voir tout donner et voir l'oeil briller de fierté et de gène quand le public les applaudit. Ces petits sont en train de devenir grand et nous assistons à un rituel les menant vers leur vie d'adulte.
Nous repassons au bar. Parfois, on entend mal les textes/la voix du chanteur. Le rappeur du groupe intervient à ce sujet:
"on ne met pas la main sur la boule", du micro, évidemment.
Du coup, on entend vachement mieux par la suite.
Sven m'a envoyé hier un message de l'hôpital psychiatrique en me demandant de photographier le ciel pour lui.
-"côté nuages ou côté ciel bleu?"
-"nuages! et prends la photo de l'intérieur avec un élément pour l'échelle"
-"ok"
J'ai sorti mon appareil, j'ai cherché la barrière nuageuse qui allait disparaître derrière les maisons et j'ai pris la photo.

lundi 5 décembre 2011

Noel Kebab

Il y a un Père Noel devant le Kebab du quartier. Un gros Père Noel, quasiment taille humaine, tout en rouge, classique, avec une barbe blanche. Il a l'air joyeux et optimiste, planté sur son socle. D'accord, nous sommes dans la ville appelée "capitale de Noel", mais, un Père Noel devant un Kebab? J'ai des doutes. C'est peut-être pour donner envie au touriste de venir déguster un "kebab de Noel", avec un vin chaud? Bon, je deviens méchante, je vais m'arrêter. Mais ce symbole de la culture occidentale, symptôme de la transformation d'une fête religieuse en fête de la consommation et du plaisir, devant un Kebab?? Je vais le prendre en photo.
D'ailleurs quand j'étais enfant, papa ne parlait pas du Weihnachtsmann (Père Noel) mais du Christkind (enfant du Christ, Jesus, en somme). Ce Christkind est représenté tel un enfant portant une robe blanche, avec des ailes d'ange. Il déposerait les cadeaux de Noel sous le sapin sans être vu. J'ai toujours pensé que le Christkind était une jeune femme... Je me souviens attendant sur les escaliers du salon jusqu'à ce que mes frères et soeurs et moi entendions la cloche retentir. La cloche, qui n'était en fait que le tintement de 2 verres (je l'ai su le jours où mon grand-père sonna la "cloche" à la place du Christkind et qu'il cassa les verres...), ouvrait les portes de la salle des cadeaux... instant mythique, magique, le plus beau jour de l'année. Un jour attendant sur les escaliers, j'ai vu cet ange passer devant la fenêtre, en lévitation, magnifique. Les souvenirs d'enfant sont géniaux pour ca. On y croit encore.
Et maintenant, voir ce Père Noel en plastique devant un Kebab, c'est un crime.

dimanche 4 décembre 2011

hier soir

Hier soir le type qui jouait à la guitare avait tellement de gomina dans ses cheveux que les gouttes de sueur perlaient et glissaient le long de ses mèches. Roland Barthes parle dans son livre "la chambre claire" des concepts de punctum et de studium qui seraient présents dans une image. Le studium est de l'ordre de l'information transmise dans l'image, ce que le photographe voulait communiquer et ce que nous y lisons. Le punctum est le détail qui attire notre regard, détail souvent anecdotique, semblant insignifiant mais devenant signifiant car irrésistiblement attirant et hypnotisant. Le genre de détail qui vous fait oublier tout le studium de l'image. Hier soir, après un nombre de verres de vin blanc frisant le déraisonnable, l'image se présentant à moi était bourrée de punctum. Entre ces fameuses gouttes de sueur, les chaussures blanches plus que moche du musicien, sa chemise parfaitement repassée à manches courtes dont dépassaient ses bras couverts de tatouages et les cordes de guitare non coupées pendouillant et s'activant au bout du manche de l'instrument (telles des brindilles d'herbes hautes s'inclinant sous le vent d'été).

Le type de la sécurité observait avec un désintérêt évident la scène. Il était immense, beaucoup trop grand. Et ses oreilles étaient encore plus grandes, légèrement décollées, et asymétriques. Encore un punctum.

J'avais envie de baiser hier soir. Mais je n'avais pas envie de faire n'importe quoi avec n'importe qui. Je n'ai donc pas baisé. J'ai dansé. Je suis sagement rentrée en taxi. Je me suis dit que je devais sentir l'alcool dans le taxi. Le chauffeur écoutait Virgin Radio. Musique naze. Pas envie de parler. Il sentait bon son taxi, un mélange de cuir et parfum de mec. Je lui ai donné un pourboire. Il m'a souhaité une bonne nuit "enfin, ce qu'il en reste". Oui, c'est clair.

Donner à manger au chat qui est trop content de vous voir rentrer. Bourrée. Se faire un reste de spaghettis sans gluten avec une tranche de jambon blanc coupée en morceaux et 2 oeufs, un peu d'huile d'olive. Bourrée. Un verre d'eau et dodo.
Il y a deux choses, voire trois qui sont géniales avant d'avoir ses règles:
-J'ai des plus gros seins
-J'ai une sacrée PEB (Putain d'Envie de Baiser)
-Je n'ai pas encore mes règles

le deuil

je ne sais pas quelle fut la photo la plus douloureuse jamais prise. La dernière photo de ma grand-mère ou celle de sa tombe, le jour de son enterrement, jeudi.

c'est comme tirer un coup

Je discute hier avec mon collègue Philippe. Je bois de la bière sans gluten et lui du jus multivitaminé. Je fume des clopes, il me regarde fumer. On parle des étudiants, de l'enseignement, de la photo. Je lui parle des exemples débiles qu'il m'arrive de donner en cours pour illustrer certains de mes propos. Il me raconte alors qu'il a tendance à insister sur le travail en série auprès des étudiants (moi aussi d'ailleurs, on est d'accord). Pour leur faire comprendre il compare la photo seule au coup d'un soir, au cul-pour-le-cul, voire à la masturbation. La photo dans une série serait, elle, comme de faire l'amour à la femme avec qui vous comptez passer le reste de votre vie. Je reprendrai cette comparaison, elle me parle.

Johnny

A l'école hier, devant l'école, 2 filles sortent, clope au bec. L'une sort son briquet pour s'allumer la tige. L'autre fouille ses poches. La 1ère dit alors "tu veux que je t'allume le feu avec Johnny?"... elle avait un briquet Johnny Hallyday.
Elles rient, je souris.
Elle raconte que son buraliste n'a pas ri à sa blague car il devait être fan de Johnny, "sinon il ne vendrait pas des briquets Johnny".
Le buraliste ne se couche jamais apparemment, toujours dans sa boutique. A 23h, on le voit encore dans sa vitrine en train d'arroser ses plantes, avec un "pschit", je reprends les mots des filles.
-"Mais c'est débile d'arroser les plantes au pschit! ca sert à rien!"
-"Mais si c'est pour nettoyer les feuilles, pour enlever la poussière"
-"ah ouais?"
-"Parce que si y'a trop de poussière ca empêche la.... le truc... avec la chlorophylle"
-"la photosynthèse?"
-"ouais c'est ca"
hmmm... j'ai fini ma clope et suis rentrée continuer mon cours.

jeudi 1 décembre 2011

hommage à ma grand-mère

Il y a beaucoup de petits souvenirs avec Oma. Disséminés tout au long de ma vie. Pleins de petites histoires.


-Oma aimait beaucoup raconter un épisode que nous avons vécues ensembles. Nous sommes parties en vacances en forêt noire. Il semblerait que nous ayons été en période de carnaval. Maman m'aurait préparé un déguisement de princesse, bien emballé dans la valise. Il était évidemment hors de question que je mette une robe de princesse pour cette occasion. Je ne sais plus de quelle facon j'ai pu manifester ce désaccord auprès d'Oma mais nous avons réussi à nous mettre d'accord: je n'ai jamais enfilé la robe. Nous sommes parties à la recherche d'un autre déguisement. Je me souviens être dans la pente devant la maison d'Eva et Günter, en jouant fièrement avec ma cape et mon épée. Oma me disant que toutes les filles étaient jalouses de mon super déguisement. Logique!

-Encore en forêt noire, Oma m'avait inscrite à des cours de ski. J'ai toujours été de nature assez fainéante, "partisane du moindre effort" serait plus juste. Le ski c'est génial en descente, mais marcher jusqu'aux pistes, porter les skis ou pire encore, pousser sur les bâtons et faire des pas de canard sans déchausser… J'ai donc demandé à Oma de me tirer jusqu'au télésiège. Je sais, je suis gonflée. Et elle m'a simplement répondu :"As-tu déjà vu un sportif de haut-niveau se faire tirer par sa grand-mère jusqu'aux pistes?". Je n'ai plus jamais demandé à être tirée jusqu'aux pistes. Question d'amour-propre.

-Après les cours de ski nous prenions un repas sur la terrasse d'un restaurant au bord des pistes. Je prenais souvent (en fait, toujours) des Spätzle au fromage; un mélange étrange de Spätzle avec du fromage fondu, le tout passé au four, ca collait le fond de l'assiette et des fils de fromages se tendaient jusqu'à ma bouche. Très bon, avec du Maggi, très ludique aussi. On profitait des rayons de soleil nous réchauffant la peau, on regardait les gens passer. Je racontais mes exploits en détails.

-Pour l'un de nos séjours en forêt-noire, Oma ne pouvait plus rouler sur une aussi longue distance, elle a alors décidé que nous partirions en Taxi. Je trouvais déjà à l'époque (impossible de me souvenir de mon âge) l'idée géniale. Démesurée, étrange, décalée. Notre chauffeur avait un accent Lorrain à couper au couteau, il parlait le "platt" avec Oma, ils prenaient grand plaisir à discuter les derniers ragôts du village. Je regardais par la fenêtre, du coin de l'oeil, je me souviens aussi des chiffres rouges du compteur, du 3/4 profil de monsieur Monet ou Manet (il portait le nom d'un peintre) et je vois encore la main d'Oma tenant de sa main droite la poignée au dessus de la fenêtre. Elle faisait un mouvement récurrent avec le pouce, comme pour caresser la poignée.

-Quand Oma nous gardait à la maison, on jouait aux cartes. Elle nous a appris à jouer au Romé (je ne sais même pas comment s'épelle ce jeu de cartes). Nous lui donnions une grosse brosse en bois pour qu'elle puisse piquer les cartes entre les poils et jouer avec sa seule main droite. En attendant, ma soeur, trop jeune pour faire du calcul mental et de compter ses points, disparaissait régulièrement sous la table avec son jeu pour faire son décompte. Nous étions une sacrée équipe!

-Oma nous préparait les repas dans la maison de mes parents, tentant de respecter les consignes de Maman. On avait souvent au menu de la viande hachée revenue à la poelle servie avec du riz, il me semble. Oma appelait ca du "Hühnerfutter", trop sec, pas assez gourmand comme plat. Elle rajoutait alors de la crème fraiche.. c'est vrai que ca changeait tout.

-Oma disait qu'elle appréciait particulièrement une chose dans la vieillesse: on a plus besoin de se soucier de la beauté.

-Elle m'a parlé un jour de son canoe bleu (blaues "Kanu"). Ce jour-là j'ai vu Oma pleurer. Elle avait un canoe bleu avant la guerre, elle l'adorait. Après la guerre elle s'est rendue au Ruder-Club le long du fleuve pour voir si son canoe était encore là. Tout était détruit, plus une trace du club, le canoe avait disparu. Et 60 ans plus tard en me racontant cette histoire, Oma a versé une larme.

-Je me souviens du goût des asperges qu'Oma préparait avec des pommes de terre à l'eau lorqu'elle habitait encore Alsting. Nous mangions à l'étage, autour d'une grande table en bois, tous ensembles. Assise sur la chaise, mes pieds ne touchaient pas encore le sol.

-Ou, le jour où elle m'a appris à cuisiner de la Grieß-Suppe, un savant mélange de semoule, d'un jaune d'oeuf, de beurre et de Maggi. Etudiante fauchée en fin de mois, je me faisais de la Gries-Suppe, du baume au coeur, du vrai.

-J'ai toujours adoré quand Oma parlait de Papa, enfant. Tout d'un coup, mon père redevenait un enfant. Pour un court instant, j'ai cru le voir dans ses yeux, qu'il redevenait cet enfant. Car oui, avant d'être lui-même notre père, il a été et est toujours l'enfant d'Oma. Beaucoup de gens pouvaient alors se dire que c'étaient des histoires d'une vieille dame qui ressassait des vieux souvenirs. Chez Oma, ce n'étaient pas uniquement de vieux souvenirs, c'étaient ses meilleurs souvenirs, les plus beaux moments de tendresse, de vie, de joie, de rire, de partage. Et elle a su beaucoup me faire rire avec les histoires de Papa. Je crois aussi qu'elle avait suffisamment d'humour pour vouloir partager ces histoires avec nous.

-J'aimais aussi beaucoup quand elle parlait des histoires de famille. Ce n'étaient pour le coup pas toujours des récits très drôles en soit, mais ils avaient dans ses mots une tournure ironique et il y avait toujours beaucoup de sagesse dans ses propos. Elle avait le mérite de nous en parler, de transmettre ce vécu, je ne sais pas qui aurait pu le faire à sa place. Je lui en suis très reconnaissante.

-Quand elle habitait Benzstraße et qu'on lui a réglé la fermeture automatique des volets de la maison, le système en faisait des siennes. Les volets se fermaient à n'importe quelle heure, se rouvraient à d'autres. Elle pensait que c'était le fantôme d'Opa qui occasionnait ces dysfonctionnements. Quand elle me l'a raconté lors d'une de mes visites chez elle, nous sommes parties dans un fou rire. Elle savait que c'était absurde, mais elle continuait à y croire malgré tout.

-Un jour je débarque chez elle et voit un scooter garé sous son porche. Je lui demande alors a qui il appartient. C'était quelqu'un qui l'entreposait là, à l'abri des intempéries. Ses infirmiers et soignants posaient évidemment la même question que moi. Elle leur répondait que c'était le sien… Là encore, un fou rire.

-Je crois qu'elle mangeait de tout, sauf de la betterave. Ca lui rappellait trop la guerre.

-J'adorais son humour, son autodérision, sa sagesse, sa tendresse. Si Oma n'avait pas été ma grand-mère, elle aurait été mon amie.