chroniques de la vie ordinaire. Pour le plaisir d'écrire, le plaisir de vivre, le plaisir du presque rien, du hasard, le plaisir du partage.
samedi 31 décembre 2011
faire les courses avec JP
vendredi 30 décembre 2011
photos
les avions
jeudi 29 décembre 2011
le facteur cheval a raison
listes de choses à faire
mardi 27 décembre 2011
Montpellier, aller-retour
dimanche 25 décembre 2011
noel
Le cuir
vendredi 23 décembre 2011
jeudi 22 décembre 2011
moules
Alex, il est toujours bien habillé
mercredi 21 décembre 2011
métiers
what to say?
jeudi 15 décembre 2011
nus masculins
Il y a encore quelques temps, je me posais la question "suis-je vraiment homo ou pas?". Je pense que cette question se posait pour différentes raisons:
-les dernières nanas que j'ai eu, comment dire, no comment. Ca n'a et n'avait strictement aucun sens.
-une certaine volonté de se conformer à la norme, à quelque chose de moins compliqué, d'arrêter d'être la bête de foire.
Mais ce n'est pas la tête qui décide, c'est le coeur et parfois aussi le cul.
Donc je me retrouve à photographier une équipe de sport, nue, pour leur calendrier annuel. Comment dire… C'est un beau challange, je n'ai jamais fait de nu pour une commande et en plus avec de la mise en scène, des lampes, la totale. Et très mal payé, ils ont pas un rond. Ok, je prends. Un défit ne fait pas de mal. Donc je me lance là-dedans. C'est très spécial de se dire "faut qu'ils soient sexy" alors que de les voir à poil ne me fait rien du tout. Parfois je suis même génée pour eux (ces grands gaillards costauds comme tout sont d'une pudeur étonnante). Je tente alors de faire mon boulot le mieux possible, de travailler d'autant plus la mise en scène, la lumière, les expressions des gars, pour être sûre qu'il y aura quelque chose dans ces photos. L'ironie est que les gars ne se posent même pas la question de savoir si je suis homo ou pas, tellement habitués aux fans féminines qui sont à leurs pieds. Ils sont adorables, sensibles, des types bien. Mais, ca n'éveille rien en moi. Les joueurs pensent d'ailleurs que mon assistant Sven est homo… alors que non. Délirant. On me fait même passer le message que si je souhaitais un peu de bonne compagnie, il suffisait de faire signe. Christophe (mon contact dans l'équipe) me dit "je n'en reviens pas de l'effet que tu fais aux mecs". Mouais, ca m'avance pas des masses.
L'autre soir, présentation du calendrier dans un bar. Je ne pouvais y être. On m'a alors dit qu'Armand, l'un des joueurs du calendrier, disait qu'il était étonné de mon professionnalisme. Il n'avait jamais vu une nana ne pas sciller devant autant de gars à poil. Il avait du mal à comprendre, presque un peu vexé de ne pas réveiller mes instincts primitifs. Une fille me connaissant lui explique alors le pourquoi du comment…
Je suis vraiment homo. Ca m'arrivera encore de baiser avec des mecs mais la question de ma sexualité semble close.
séparations
Mon ex-colocataire est passé à la maison hier. Je bosse pour lui de temps à autre en tant que graphiste. On s'est pas depuis un petit bout de temps. Il a quitté l'appart fin mai, assez brusquement finalement pour emménager avec sa copine au centre. Il a connu Noémie pendant qu'il habitait avec moi. Ils ont d'ailleurs passés leur première nuit ensemble chez moi. Avant de la rencontrer, Aurel était un vrai coureur de jupons, un italien avec une tchatche incomparable, un type qui enchainait les plans cul et ne se posait aucune question. Il papillonnait et semblait heureux. Mais il aimait se taper des jeunettes, je lui ai dit d'arrêter. On avait des discussions interminables sur les nanas. Il prenait des jeunes parce qu'elles sont des proies faciles, pour une nuit ou quelques parties de jambes en l'air. Il en faisait ce qu'il voulait, sans aucune méchanceté ni mauvaise intention. Mais sans aucun fondement. Je lui ai conseillé d'essayer des filles de son âge ou plus âgées, qu'il se rende compte qu'une nana n'est pas juste un bijou, un corps sexy, une plante verte. Effectivement il a commencé à voir des femmes, une femme mariée, une autre encore, une cougar… Il m'a effectivement dit que ca n'avait rien avoir. Il les voyait régulièrement, ils baisaient, passaient un bout de soirée ensembles, une sortie en boite, un resto, parfois un petit déj, juste de temps en temps. Puis est arrivée Noémie, à peu près son âge, l'une de ses bonnes amies à l'origine. Puis un soir ca dérape. Au bout de 6 mois, ils décident d'emménager ensembles. Ils ont habité ensembles 4 mois. Elle l'a quitté. Il est dépité. Il y croyait. C'était la première fois de sa vie qu'il y croyait. Ils parlaient d'enfants, de maison, de famille. Et non.
Hier Aurel était triste. Il en voulait à la terre entière. Il me disait avoir été heureux avant qu'elle ne débarque "j'étais super bien en coloc avec toi, j'avais des amantes, pleins de potes, je sortais en boite, c'était vraiment cool". Et maintenant, le coeur brisé, les espoirs enterrés, un appartement sur le dos, un déménagement à envisager, un coeur à panser et ne pas tomber dans les regrets. Il veut repartir comme en l'an 1000, baiser à gauche à droite, pour se prouver à lui-même qu'il n'a pas besoin d'elle et qu'il arrive à dépasser ce chagrin. Il a tenté le coup, il m'a dit que ca n'avait aucun intérêt. Il ne prend plus de plaisir. Je lui ai dit d'attendre, baiser pour baiser n'a pas de sens, mieux vaut attendre que le désir re-pointe son nez. Ca m'a fait mal au coeur de le voir comme ca, c'est un type plein de bonne volonté, il était prêt à donner tout ce qu'il avait pour cette fille. Les filles qui suivront vont devoir s'accrocher...
le matin
Ca fait 3 jours que je dors la nuit. Un bonheur indescriptible. La vie n'est plus la même. Je ne sais pas ce que je faisais les autres nuits. J'ai repris pied, je suis plus calme intérieurement, je pète la forme. A un tel point que parfois je n sais pas quoi faire de moi. Va falloir canaliser tout ca positivement.
Ce matin j'ai repris le bus, puis le train pour aller à l'école, comme tous les jeudis matins. Prendre les transports en communs, un moment de détente, on a le temps de regarder les gens. Ils ont l'air malheureux, fatigués, blazés.
Il y avait juste un type handicapé mental léger, dans le bus, il essayait de discuter avec les passagers, il souriait, il était le seul à sourire. Un sourire altruiste, simple, un sourire pour tout le monde, il souriait au monde. Il avait l'air simplement heureux. En descendant à deux arrêts plus loin, il s'approche d'une vitre du bus, écrase son nez contre la vitre et fait une grosse grimace; ce qui fait évidemment exploser de rire le gamin aussi à proximité, du coup sa mère aussi sourit, et les gens autour sont amusés. Un petit moment de grâce dans ce bus si triste et plombé.
Un jeune pianotait en face de moi sur son téléphone, écouteurs vissés sur les oreilles, il jouait à une sorte de casse-tête chinois avec des formes géométriques complexes qu'il devait placer comme un puzzle pour former des lettres de l'alphabet. Parfois, un court retour à son écran de veille, lui et sa copine, une photo "snapshot" par excellence, autoportait fait à bout de bras avec le téléphone, sourire photographique (pas forcément photogénique). Ce fond d'écran doit le rassurer, lui rappeler qu'il est heureux ou sensé être heureux.
Il y avait aussi ce maghrebin d'un certain âge attendant avec moi à l'ârrêt en face du Simply. Il avait une discussion animée en arabe avec un plus jeune. On ne sait jamais vraiment s'ils s'engueulent ou pas… Le vieux était emballé dans une doudoune noire à capuche, le manteau lui descendant jusqu'aux mi-mollet, le zip remonté à bloc, les ficelles de la capuche tirées… Une apparence entre l'inouit et le rôti ficelé. C'est certes l'hiver, mais on est franchement loin des -10°C des dernières années. Il avait l'air d'avoir froid. Qu'est ce que ce sera quand il neigera??? Quand l'autre type lui parlait, il était obligé de tourner tout son corps vers lui pour l'entendre (il ne pouvait pas tourner la tête, la capuche faisant obstacle). C'était assez extraordinaire comme moment.
Sinon, comme tous les jeudis matin à la gare, ce jeune mec à la dèche, peut être accro à je ne sais quoi, m'a encore demandé de quoi le dépanner pour un billet de train. Il me fait le coup tous les jeudis matins. Il ne me reconnait jamais. J'ai beau lui dire "mec, je sais que tu ne prendras pas le train avec ce fric, alors arrête tes bobards", rien n'y fait. S'il me disait "j'ai besoin de fric, t'aurais pas une pièce", je lui donnerais une pièce. Mais j'ai horreur qu'on se foute de ma gueule. Peut être pense-t-il qu'on s'en rend pas compte? J'en sais trop rien. Il est venu me voir deux fois ce matin, la seconde fois je lui ai quand même donné une pièce. Ca sert à rien.
En m'avancant vers le couloir menant aux quais, une dame marche de vive allure vers la sortie, élégante, la tête haute, habillée au millimètre, maquillage impeccable, tenant un énorme parapluie ouvert au-dessus de sa tête (nous sommes à l'intérieur de la gare et dehors, pas une goutte de pluie à l'horizon). Les gens la regardaient ne sachant pas s'ils devaient en rire ou en pleurer. Les gens deviennent fous. Elle n'a surement plus toute sa tête, mais elle n'a pas l'air malheureuse.
mardi 13 décembre 2011
lundi 12 décembre 2011
mammographie et photographie
J'ai photographié toute la journée plusieurs cabinets de radiologie pour leur futur site internet. Donc il faut un peu de tout, le personnel, les locaux, les examens, les machines… Je savais que j'aurais du mal à trouver des cobayes acceptant de poser pour simuler certains examens. Comme la mammographie par exemple… Bon, je m'y attendais mais il me fallait cette photo avec la nana qui se fait presser le sein dans la machine. Je vais pas non plus les forcer. Du coup je demande à la secrétaire qui m'accompagne dans le premier cabinet d'appuyer sur le bouton de l'appareil pendant que JE me déshabille pour prendre la place du patient, à me faire presser le sein et poser moi-même pour les photos de mon client qui du coup va me voir à poil. Ca a marché. Mais bon, je me dis que mon métier me fait faire des sacrés trucs.
chats et souris
Bibi (mon chat) est un peu comme moi, sauf qu'elle commence à être grosse et moi non. Elle a la tête dûre, elle est de nature fainéante, elle sait ce qu'elle veut, elle est trop sensible et trèèèès intelligente. On pourrait croire que si on a un chat, ca nous évite d'voir des souris. Détrompez-vous. Je n'ai jamais été confrontée à autant de souris que depuis que j'ai Bibi.
Hier, je décide de faire du rangement et le ménage. C'était absolument urgent. Bibi a horreur du changement et une peur bleue de l'aspirateur. Je n'ai jamais vu un chat détaler aussi vite et discrètement à la vision d'un aspi. Pas de chat à l'horizon pendant plusieurs heures sachant que je l'avais délogée de la tablette placée sous la fenêtre du salon (vue sur la rue imprenable, essentiel pour Bibi) et au-dessus du radiateur (essentiel pour tout chat normalement constitué). Donc, ca se passe. Je finis de ranger, bouger les meubles et de faire le ménage.
Entre temps, je vais m'acheter un GPS au supermarché le plus proche (on est dimanche, mais en période de Noel, donc tout est ouvert) car je risque d'en avoir plus que besoin le lendemain: gros RDV de prise de vue. 4 lieux à faire dans la journée. Bref, ca c'est complètement anecdotique.
Donc, je termine des boulots sur l'ordi et prends mon temps pour me faire une bonne petite bouffe. Je m'installe dans mon salon tout propre, je regarde des épisodes de séries sur mon ordi et le chat est de retour sur la tablette. Jusque là tout va bien. Puis, j'entends un bruit étrange. Je pense instantanément au chat de la voisine qui a encore dû rentrer dans la cuisine pour manger les croquettes de Bibi. Je me lève doucement pour aller voir. Non, c'est pas ca. Je me dis que je perds la tête. Je continue repas et séries. Le bruit reprend. Là, Bibi l'entend aussi. C'est elle qui se lève, aux aguets, va vers le couloir puis vers la salle de bain. Je la suis. A peu près dans le même esprit. On doit avoir l'air fines.
La porte n'est pas fermée mais juste poussée. Le bruit vient de cesser. On aurait dit un grattement. J'allume la lumière, pousse doucement la porte pour l'ouvrir, Bibi voit quelque chose, elle est en position "chasse". Ok, c'est quoi ce bordel. Je ne vois rien, mais vu la réaction du chat, il y a une bêbête. Fuck. Quelle taille, la bêbête? Suis pas trop fan de ce genre de délire. Bon, je vais chercher une valise et un grand bac en plastique pour barrer l'entrer de la salle de bain. Pas question que ce truc se barre dans l'appart. Et maintenant, je fais quoi?
Je vais chercher des maniques dans la cuisine, laissant le chat monter la garde. J'appelle quand même la voisine, elle me doit bien ca, je vous raconterai ca une autre fois. Elle rigole et descend me filer un coup de main. On est à deux dans ma salle de bain + le chat, et on suit les indications du chat. Le truc semble être dans mon bac à linge sâle. Je soulève le premier pull et vois la souris. Sacrée bête, en pleine forme. Elle plonge. On sort le bac sur le perron, je ferme les portes, on laisse Bibi dedans. Je me retrouve ainsi la nuit tombée entre le perron et le trottoir, à vider mon bac de linge sâle avec ma voisine, une fringue après l'autre… On arrive au fond, la souris est piégée, on bascule le bac, elle fait un saut incroyable et se sauve. J'enlève les maniques (oui je les portais tout au long de cette opération), remets mon linge dans le bac, remercie ma voisine qui est morte de rire, je redépose le tout dans la salle de bain et retourne dans le salon manger mon repas qui est froid entre-temps. Bibi me regarde du haut du rebord de fenêtre, l'air de dire "c'était cool, non?".
"vachement, ouais. T'a pas intérêt à broncher ce soir sinon je te fous dehors"
Elle a dû déposer la souris dans le linge pendant j'étais en plein rangement. Genre, je me venge discrètement parce que tu m'as perturbé dans ma sieste… Je retiens
Feng-shui
Je dors mal en ce moment. Trop de trucs dans la tête. Je rumine. Mais qu'est ce que j'aimerais pouvoir dormir. A tête reposée je suis certaine que beaucoup de choses seraient plus faciles. Donc hier dans ma folie de rangement-nettoyage j'ai été voir sur internet l'orientation du lit conseillée par le Feng-shui. Rien à perdre vu là où j'en suis. Donc nouvelle position du lit, Feng-Shui à mort (avant c'était aussi déjà Feng-Shui mais bon). j'ai vérifié sur Google-maps pour voir l'orientation de la maison.
J'ai l'impression de ne pas avoir fermé l'oeil de la nuit. Faut que j'essaye autre chose, en dehors des tisanes "bonne nuit", des bourrages de gueule (là ca marche mais on est pas frais le matin), de la lecture, des séries tv… Prochaine étape: tenter le sport, la baise, la détente du genre sauna, hamman, massage.
dimanche 11 décembre 2011
la tombola
Il y a environ un mois, le week end, un gamin sonne a ma porte.
"c'est pour la tombola du club de basket de "…", le bon côute 2 euros et vous pouvez gagner une boite de chocolat"
Normalement je n'achète ni le calendrier des pompiers, ni des billets de tombola, tout ce qui est porte-à-porte, non. Mais ce gamin-là, me dire que je peux gagner une boite de chocolat en jouant à une tombola, en misant 2 euros. Ca m'a tellement fait halluciner, que ca m'a amusé. S'il m'avait dit, "vous pouvez gagner un séjour SPA, un resto…" je n'aurais pas acheté ce billet. Du coup je lui dis:
"bouge pas, je dois avoir 2 euros quelque part" et je lui ai donné la pièce, il a pris mon nom, et zou.
Ce samedi, ca sonne à la porte vers 11h30. Ca fait des semaines que je dors mal, là je dormais, je suis donc passablement irritée. Interphone:
"oui"… Si c'est encore pour une connerie, je vais me le faire…
"bonjour! c'est pour la tombola du club de basket de "…", vous avez gagné la boite de chocolats" (????)
La blague
"Attends, bouge pas, je viens t'ouvrir"
Le gamin affiche un énorme sourire, il est heureux comme tout de pouvoir me transmettre mon gain. Je suis simplement heureuse qu'il soit heureux. Je prends la boite, le remercie (je suis en pyjama, la gueule enfarinée). C'est une boite de chocolats Lindt.
Le comble de l'histoire, c'est que je ne peux pas les manger ces chocolats. A cause du beurre, de la crème et du gluten… Pour une fois que je joue pour perdre et que je gagne. J'ai filé la boite à ma belle-soeur, qui était ravie, mon frère l'était un peu moins:
"tu sais où il va aller ce chocolat… de suite sur tes fesses" il rigolait, mais pas tant que ca je crois.
jeudi 8 décembre 2011
la pause clope
Avant le cours, je fume une clope devant l'école. 2 filles discutent, une troisième arrive.
"salutcava?"
"ouais"
"ettoi"
"ouais…" smack, smack.
La blonde décolorée, style bimbo, manteau blanc, jean slim bleu ciel, talon beiges, porte une fourrure à longs poils indéterminés qui semble très très douce autour du coup.
Un chat noir, genre chat de gouttière, plutôt matou, débarque.
"oh le chat"
"ouais, il est là tout le temps"
"ouais, il m'a fait mal au coeur hier tout trempé sous la pluie"
"mais non c'est cool, il fait ce qu'il veut"
"mon chat il est pas dehors quand il pleut" (???)
Le chat s'approche de ma blonde et se frotte à son mollet.
"ouah! non!!! il va me mettre des poils partout - j'ai déjà assez de poils comme ca"(???) Je me demande alors si elle parle des poils de sa fourrure…
"Elle est trop belle ta fourrure, mais c'est pas cool"
"De toute facon la bête est morte donc on s'en fout, et toi ton bonnet c'est du poils de lapin"
"Mais ces animaux sont abbatus pour leur fourrure, ils sont pas juste déjà morts"
"Faudrait que prendre des poils d'animaux qui de toute facon sont tués. Genre des rats de laboratoire"
la blonde dit alors "c'est sur, si les gants en peau de rat de laboratoire existaient je m'en achèterais"
"tu penses que la peau d'humain ca tient chaud?" (???)
J'écrase ma clope, je vais sagement aller faire mon cours…
Je pense alors à hier soir où un participant d'un autre cours avait apporté un "voile", carré de tissus épais noir que le photographe passe au-dessus de sa tête et de l'appareil (chambre photographique) pour faire ses réglages sur le dépoli. Il le montre fièrement à Sonja et déclare:
"c'est en peau de taupe, de la taupe de 1ère qualité, ils prennent que des taupes femelles"…. Evidemment c'est une boutade, c'est en velours, certes du beau velours mais bon. Décidément...
nuit
Se coucher quand il fait nuit. Se lever quand il fait nuit. Et toujours les mêmes illuminations de noel allumées.
Les Antilles, le matin
Ce matin, à la gare, tôt, beaucoup trop tôt. 7h10. Je suis en avance. Un petit thé à emporter et une clope sur le parvis avant de monter dans le train. Je m'arrête devant le 1er comptoir de vente à emporter. Une fille devant moi s'apprête à récupérer la monnaie de son achat. La vendeuse, antillaise, aucun doute sur l'accent, tend la main ouverte remplie de centimes. Elle dit un truc incompréhensible. Elle parle doucement, lentement, avec cet accent si rond. La cliente la regarde, elle ne comprend pas, moi non plus d'ailleurs. puis,
"votre chausson aux pommes coûte 1,55euros, donc je suis désolée mais ca vous fait plein de monnaie…."
La fille la regarde, l'air de dire "et alors?". Mais il y a tellement de gentillesse et d'attention dand le ton de la vendeuse que ca en devient adorable et touchant. La fille lui fait un grand sourire, la remercie et s'en va.
A mon tour. "un thé noir à emporter s'il vous plait"
La dame est un peu perdue. En allemand on dirait "sie hat die Ruhe raus": pas de stress, elle prend son temps. Elle revient avec le gobelet rempli d'eau brulante, trois sachets de sucre et une petite cuiller en plastique.
"je vous donne déjà ca"
"merci"
Je la vois repartir, je sens une hésitation, elle cherche quelque chose. Elle revient finalement avec une grande boite en bois contenant tous leurs sachets de thé. Je veux payer et lui tends 3 pièces de 1euro.
"Quel thé voulez-vous?" dit-elle en me tendant la boite ouverte au dessus du comptoir. Du coup, je prends aussi mon temps, je regarde, sors quelques sachets, je me décide, Darjelling. Elle va ranger la boite, reviens, prends les pièces, repars, me rapporte la monnaie. Entre temps 2 autres personnes attendent et observent. Pas d'impatience chez eux non plus, on lit de la tendresse dans leur yeux, une once d'amusement.
Elle nous a finalement détendu cette petite dame. "merci madame"
Angel, le matin
J'arrive sur le quai, il y a du vent. J'attends. Je sens un parfum. Angel de Mugler. Je hais ce parfum. Je passe derrière la dame pour quelle ne soit plus dans la direction du vent. Il faudrait interdire ce parfum. Le patchouli aussi d'ailleurs. Je suis d'une intolérance intolérable pour les odeurs, je sais. J'assume.
cougars
Hier soir après le cours, Sonja et Marie-Francoise, deux participantes me proposent d'aller manger en ville. J'hésite, je suis fatiguée, mais il est vrai que de manger au resto me permet de manger correctement et surtout de prendre le temps de manger. Elles connaissent bien Sven, nous allons en parler, Sonja a besoin d'en parler. Elles ont entre 55ans pour l'une et 60 et quelques pour l'autre. Nous dinons, discutons, échangeons. Quand Sonja parle de drogue elle utilise le terme "dope". Quand elle parle de la fumette, les pets, les joins, elle dit "hasch". Je me demande d'où sortent ces termes.
En sortant de là Marie-F et moi nous allumons une clope, toujours aussi bonne cette cigarette de fin de repas. Il fait un froid glacial. On décide de se revoir pendant les vacances. Quelques "jeunes" squattent devant le resto, un autre s'approche, je sens qu'il va aborder quelqu'un, pour une clope? Peut être un peu de monnaie? Il pose une question aux jeunes, ils rient. Lui a l'air sérieux. On s'apprête à partir, il tente sa chance
"excusez-moi mesdames! Êtes-vous d'ici?"
"oui, plus ou moins"
"savez-vous où on peut sortir?"
"???"
"Il y a apparemment une soirée cougar dans le coin, vous n'êtes pas au courant par hasard?"
"???"
Petite période de flottement. On se regarde toutes les 3. Rires.
"Non… je suis désolé… je ne voulais pas…." répond le jeune.
C'est marrant, il avait l'air d'un djeun's, du genre qui fait des conneries, qui aime les joggings, les sorties entre potes, il donne l'impression d'encore habiter chez sa mère et il cherche des cougars.
Franchement, c'était la meilleure de la journée.
mercredi 7 décembre 2011
fatigue
Tailleur Chanel
la sagesse de Derrick
MIB
mardi 6 décembre 2011
la boule du micro
lundi 5 décembre 2011
Noel Kebab
dimanche 4 décembre 2011
hier soir
le deuil
c'est comme tirer un coup
Johnny
jeudi 1 décembre 2011
hommage à ma grand-mère
Il y a beaucoup de petits souvenirs avec Oma. Disséminés tout au long de ma vie. Pleins de petites histoires.
-Oma aimait beaucoup raconter un épisode que nous avons vécues ensembles. Nous sommes parties en vacances en forêt noire. Il semblerait que nous ayons été en période de carnaval. Maman m'aurait préparé un déguisement de princesse, bien emballé dans la valise. Il était évidemment hors de question que je mette une robe de princesse pour cette occasion. Je ne sais plus de quelle facon j'ai pu manifester ce désaccord auprès d'Oma mais nous avons réussi à nous mettre d'accord: je n'ai jamais enfilé la robe. Nous sommes parties à la recherche d'un autre déguisement. Je me souviens être dans la pente devant la maison d'Eva et Günter, en jouant fièrement avec ma cape et mon épée. Oma me disant que toutes les filles étaient jalouses de mon super déguisement. Logique!
-Encore en forêt noire, Oma m'avait inscrite à des cours de ski. J'ai toujours été de nature assez fainéante, "partisane du moindre effort" serait plus juste. Le ski c'est génial en descente, mais marcher jusqu'aux pistes, porter les skis ou pire encore, pousser sur les bâtons et faire des pas de canard sans déchausser… J'ai donc demandé à Oma de me tirer jusqu'au télésiège. Je sais, je suis gonflée. Et elle m'a simplement répondu :"As-tu déjà vu un sportif de haut-niveau se faire tirer par sa grand-mère jusqu'aux pistes?". Je n'ai plus jamais demandé à être tirée jusqu'aux pistes. Question d'amour-propre.
-Après les cours de ski nous prenions un repas sur la terrasse d'un restaurant au bord des pistes. Je prenais souvent (en fait, toujours) des Spätzle au fromage; un mélange étrange de Spätzle avec du fromage fondu, le tout passé au four, ca collait le fond de l'assiette et des fils de fromages se tendaient jusqu'à ma bouche. Très bon, avec du Maggi, très ludique aussi. On profitait des rayons de soleil nous réchauffant la peau, on regardait les gens passer. Je racontais mes exploits en détails.
-Pour l'un de nos séjours en forêt-noire, Oma ne pouvait plus rouler sur une aussi longue distance, elle a alors décidé que nous partirions en Taxi. Je trouvais déjà à l'époque (impossible de me souvenir de mon âge) l'idée géniale. Démesurée, étrange, décalée. Notre chauffeur avait un accent Lorrain à couper au couteau, il parlait le "platt" avec Oma, ils prenaient grand plaisir à discuter les derniers ragôts du village. Je regardais par la fenêtre, du coin de l'oeil, je me souviens aussi des chiffres rouges du compteur, du 3/4 profil de monsieur Monet ou Manet (il portait le nom d'un peintre) et je vois encore la main d'Oma tenant de sa main droite la poignée au dessus de la fenêtre. Elle faisait un mouvement récurrent avec le pouce, comme pour caresser la poignée.
-Quand Oma nous gardait à la maison, on jouait aux cartes. Elle nous a appris à jouer au Romé (je ne sais même pas comment s'épelle ce jeu de cartes). Nous lui donnions une grosse brosse en bois pour qu'elle puisse piquer les cartes entre les poils et jouer avec sa seule main droite. En attendant, ma soeur, trop jeune pour faire du calcul mental et de compter ses points, disparaissait régulièrement sous la table avec son jeu pour faire son décompte. Nous étions une sacrée équipe!
-Oma nous préparait les repas dans la maison de mes parents, tentant de respecter les consignes de Maman. On avait souvent au menu de la viande hachée revenue à la poelle servie avec du riz, il me semble. Oma appelait ca du "Hühnerfutter", trop sec, pas assez gourmand comme plat. Elle rajoutait alors de la crème fraiche.. c'est vrai que ca changeait tout.
-Oma disait qu'elle appréciait particulièrement une chose dans la vieillesse: on a plus besoin de se soucier de la beauté.
-Elle m'a parlé un jour de son canoe bleu (blaues "Kanu"). Ce jour-là j'ai vu Oma pleurer. Elle avait un canoe bleu avant la guerre, elle l'adorait. Après la guerre elle s'est rendue au Ruder-Club le long du fleuve pour voir si son canoe était encore là. Tout était détruit, plus une trace du club, le canoe avait disparu. Et 60 ans plus tard en me racontant cette histoire, Oma a versé une larme.
-Je me souviens du goût des asperges qu'Oma préparait avec des pommes de terre à l'eau lorqu'elle habitait encore Alsting. Nous mangions à l'étage, autour d'une grande table en bois, tous ensembles. Assise sur la chaise, mes pieds ne touchaient pas encore le sol.
-Ou, le jour où elle m'a appris à cuisiner de la Grieß-Suppe, un savant mélange de semoule, d'un jaune d'oeuf, de beurre et de Maggi. Etudiante fauchée en fin de mois, je me faisais de la Gries-Suppe, du baume au coeur, du vrai.
-J'ai toujours adoré quand Oma parlait de Papa, enfant. Tout d'un coup, mon père redevenait un enfant. Pour un court instant, j'ai cru le voir dans ses yeux, qu'il redevenait cet enfant. Car oui, avant d'être lui-même notre père, il a été et est toujours l'enfant d'Oma. Beaucoup de gens pouvaient alors se dire que c'étaient des histoires d'une vieille dame qui ressassait des vieux souvenirs. Chez Oma, ce n'étaient pas uniquement de vieux souvenirs, c'étaient ses meilleurs souvenirs, les plus beaux moments de tendresse, de vie, de joie, de rire, de partage. Et elle a su beaucoup me faire rire avec les histoires de Papa. Je crois aussi qu'elle avait suffisamment d'humour pour vouloir partager ces histoires avec nous.
-J'aimais aussi beaucoup quand elle parlait des histoires de famille. Ce n'étaient pour le coup pas toujours des récits très drôles en soit, mais ils avaient dans ses mots une tournure ironique et il y avait toujours beaucoup de sagesse dans ses propos. Elle avait le mérite de nous en parler, de transmettre ce vécu, je ne sais pas qui aurait pu le faire à sa place. Je lui en suis très reconnaissante.
-Quand elle habitait Benzstraße et qu'on lui a réglé la fermeture automatique des volets de la maison, le système en faisait des siennes. Les volets se fermaient à n'importe quelle heure, se rouvraient à d'autres. Elle pensait que c'était le fantôme d'Opa qui occasionnait ces dysfonctionnements. Quand elle me l'a raconté lors d'une de mes visites chez elle, nous sommes parties dans un fou rire. Elle savait que c'était absurde, mais elle continuait à y croire malgré tout.
-Un jour je débarque chez elle et voit un scooter garé sous son porche. Je lui demande alors a qui il appartient. C'était quelqu'un qui l'entreposait là, à l'abri des intempéries. Ses infirmiers et soignants posaient évidemment la même question que moi. Elle leur répondait que c'était le sien… Là encore, un fou rire.
-Je crois qu'elle mangeait de tout, sauf de la betterave. Ca lui rappellait trop la guerre.
-J'adorais son humour, son autodérision, sa sagesse, sa tendresse. Si Oma n'avait pas été ma grand-mère, elle aurait été mon amie.