Après le cours d'hier, je devais voir Lolo. On ne se voit plus beaucoup, il bosse, moi aussi, nos horaires ne sont pas très compatibles. Je me dis alors qu'on pourrait juste se boire un verre. Finalement je recois aussi un SMS de Fred qui me propose de diner avec "eux". Qui est ce "nous" dont elle parle? Fred est serveuse dans notre bar habituel. Fred est aussi la nana dont j'ai fait des photos "pin-up" mises en scène avec maquillage, costume, poses spéciales et retouches de ouf malade... Bref. Je crois qu'elles sont pas mal du tout. Je me rend compte que Lolo est avec "eux", je vais les rejoindre au resto. Le resto est plutôt un bistro-boucherie, où on peut manger une viande excellente (ils font murir leur viande dans des frigos vitrés dans le fond de la salle, on peut voir son entrecôte, filet, onglet, faux-filet...) avec frites maison et des pinards plus que respectables. Ils y sont quand j'arrive: Lolo, Fred, un type dont j'ai déjà oublié le nom (ancien serveur de notre fameux bar) et Laure. Laure est aussi une cliente du bar. Laure est toute jeune, 20 ans à peine, elle est homo, fait des études de musico, chante de l'opéra, fait partie des Roller Derby Girls de la ville et a faillit entrer dans les ordres. Elle écrivait hier des "sextos" à sa nouvelle petite copine (ca fait 2 jours). Elle était agréablement surprise par cet échange, habituée à une communication plus timide avec des jeunes filles hétéros (pas toujours flexibles) dont elle s'éprend. Sa nouvelle nana est homo. Elle me dit découvrir une facon d'être à deux, au lieu d'être en permanence dans la retenue, dans la mesure, dans la tactique pour séduire l'autre. Elle a l'impression qu'entre homo, tout est plus simple. Je me permets de nuancer un peu ses propos. Homos et hétéros ont leurs avantages et leurs défauts. J'ai suffisamment pratiqué les deux "espèces" et franchement, je ne suis pas sûre de savoir qu'elle cas de figure est plus simple...
Puis Laure me raconte qu'elle a failli entrer dans les ordres. Je n'en ris pas. Elle me raconte. Elle a perdu son père il y a quelques années. Elle a perdu la foi. C'est en posant toutes les questions qui la faisaient douter de sa foi à une religieuse, Soeur Anne-Christine, qu'elle a retrouvé son lien à Dieu. Elle a ensuite passé régulièrement des périodes dans ce couvent du sud de la France. Elle a joué à la balle au prisonnier et au foot avec les bonnes soeurs (qui étaient toutes en habit et voile). Elle a tout fait et partagé avec les soeurs. Elle a parlé de cet amour que nous cherchons au quotidien, celui que nous cherchons chez l'autre, chez les autres, pour combler ce manque. Ce manque d'amour n'existe pas au couvent, l'amour serait omniprésent. Elle a failli. Mais elle ne l'a pas fait. Et maintenant Laure est Laure, jeune lesbienne souriante, curieuse et joyeuse, affirmée, étudiante et chanteuse, Roller Derby Girl aussi, nous parlant de sa foi au resto viandar branchouille du coin, échangeant des sextos avec sa nouvelle petite amie, nous parlant de son tatouage qu'elle a fait pour son père... Une belle histoire je trouve.
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