On s'habitue à tout, même au célibat. On prend goût à être seul maître de son quotidien, de ses envies, de ses humeurs. Il y a néanmoins des concessions à faire avec soi-même, mais il n'y a plus de sacrifices. Il y a moins de frustration.
Mais oui. On est seul. "Tout seul comme un con" disait l'autre. Pourquoi dit-on "tout seul comme un con". I don't feel like an asshole? Je trouve plus triste un couple qui n'a rien à se dire au restaurant qu'un type tout seul venu apprécier son diner seul. Etre seul, peut être un choix ou une conséquence. Si on est victime de la solitude, on est seul comme un con. Si cette solitude devient un choix, elle peut être immensément bénéfique, riche, elle peut être une formidable tremplin pour l'avenir. La solitude permet de prendre son temps pour remettre de l'ordre, elle nous confronte à nous même au lieu de laisser le temps passer passivement. Etre à deux est un bonheur, parfois, souvent, les deux, pas du tout, être à deux est simplement différent. On partage à deux, on grandit à deux, on construit à deux, on fonctionne et on réagit en fonction de cet autre. Mais il ne faut pas s'oublier. Je me suis souvent, trop souvent oubliée, noyée par cet état "à deux". L'être à deux est sécurisant, rassurant, il nous conforte, il nous donne l'impression de ne pas vivre de facon absurde pour un avenir absurde. On vit pour l'autre, on vit pour cet "à deux" créé. Je crois qu'avant de pouvoir être à deux, il fallait que j'apprenne à être seule. A être bien seule. Fière d'être seule. Heureuse de pouvoir profiter des privilèges du célibat et de la solitude. L'intérieur devient calme et serein.
Je bossais sur un marché cet été et le père d'une amie d'enfance est passé au stand. Je sais qu'il ne me reconnait pas, je le vois. Ca fait deux ans qu'il passe à chaque fois, qu'il ne me voit pas. Cette fois-ci, je me présente. Il est étonné. Je lis dans les yeux des gens. Il se dit "mon dieu, cette fille était tellement jolie et mignonne, je ne la reconnais plus." "Elle doit être homo". Puis un regard vers mon père, l'air de dire "quel dommage pour ses parents". Sa fille Eva venait d'avoir son 1er enfant, je suis un peu en contact avec elle sur facebook. Nous échangeons des banalités. Puis il ose la question "et toi, où en es-tu? que fais-tu?". Je suis épanouie dans ce que je fais, dans tout. Je lui parle de mes activités. Puis je me rend compte qu'il s'en fout. La seule chose qui l'intéresse est de savoir si je suis mariée et si j'ai des enfants ou si je compte en avoir bientôt. Mais il ne dit rien, me regarde, s'approche de moi et me caresse la joue du bout de l'index comme il le faisait quand j'étais enfant. J'étais outrée. Il baisse le regard, triste, puis s'en va. Ca semblait dramatique pour lui d'être seule à mon âge. Cette situation m'a fait rougir, non de honte mais de colère. Car il n'y a pas de honte à avoir. Depuis il ne vient plus au stand lors des marchés.
La peur du célibat me semble être une peur du changement, de la perte. Se retrouver seul, tout d'un coup, reste un choc, mais c'est un choc lié au changement et non un choc lié à l'état lui-même. Il faut tout réapprendre. Réapprendre à penser seul. A organiser son quotidien seul. Occuper ce temps qui reste, ce temps qui n'existait plus et que l'on redécouvre. C'est une école, un apprentissage. Tout ce qu'on donnait à l'autre, à qui le donner? Le manque est immense et divers, entre la tendresse, la présence, le soutien, les projets, le cercle (famille et amis), le sexe, la jouissance, le débat, l'investissement... et se dire que tous ces efforts n'ont mené à rien. Le célibat rend humble et sage. La solitude permet de mettre les choses à plat, à condition de ne pas se laisser emporter par la spirale de désespoir. Ce désespoir fut finalement pas celui d'un coeur brisé, ou d'une rupture amoureuse, il fut presqu'une lassitude de devoir une nouvelle fois constater que ca n'a pas fonctionné. L'égo est brisé. On y croit plus, on en peut plus à l'idée de devoir un jour tout reconstruire avec un ou une autre en ne sachant pas si ca tiendra cette fois-ci? If you don't play, you can't win. Donc pourquoi pas envisager le célibat comme une période qui nous permettra de mieux vivre en couple le jour venu? ou de trouver son chemin à sa manière...? et qui nous permettra en attendant de vivre des histoires folles sans devoir se justifier auprès de personne... de partir du jour au lendemain où on veut avec qui on veut? et le tout sans culpabilité? bon, c'est vraiment pas si mal que ca le célibat.
A tous ces couples qui se séparent en ce moment...
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